Le coût de la grève : plusieurs dizaines de millions ?

© Image Globe/Dirk Waem

Difficile d’évaluer le coût d’une grève générale, d’autant que de nombreuses entreprises se sont bien préparées à celle de ce lundi. Le port d’Anvers dit perdre 1 million d’euros par heure, contre une facture de 50 millions pour le secteur technologique.

Coûte de la grève : 1 million d’euros par heure au port d’Anvers

La grève générale, qui touche aussi bien les industries que le trafic de marchandises, coûte au port d’Anvers un million d’euros par heure de valeur ajoutée, a déclaré la porte-parole de la société communale qui gère le deuxième port européen.

A cela s’ajoute l’impact négatif, non mesurable, de la grève sur l’image du port, estime-t-elle. Par ailleurs, la navigation a été rendue impossible lundi matin à la suite du blocage d’écluses mais pourrait reprendre en fin d’après-midi. De nombreux navires avaient toutefois déjà quitté le port d’Anvers durant le week-end ou ont été déviés vers d’autres ports.

Coûte de la grève : 50 millions d’euros pour les secteurs technologiques

La grève générale se fait principalement sentir dans le sud du pays, même si, en Flandre aussi, de nombreuses grandes entreprises des fabrications métalliques sont complètement à l’arrêt à cause de la présence de piquets de grève, précise la fédération Agoria dans un communiqué lundi.

D’autres secteurs, comme celui des TIC, ne ressentent pas, ou à peine, l’impact de la grève, car le nombre de télétravailleurs est trois fois plus élevé que la normale : c’est ce que révèle un sondage mené par la fédération de l’industrie technologique. “Le coût de la perte de production dans les secteurs technologiques atteint aujourd’hui 50 millions d’euros”, chiffre-t-elle cependant.

“C’est en Wallonie et à Bruxelles que l’impact est le plus grand : de nombreuses actions syndicales sont menées dans les provinces de Hainaut, Liège et Namur. Des piquets de grève sont non seulement présents à l’entrée de beaucoup d’entreprises, mais des zonings industriels entiers sont aussi bloqués. Des actions sont également menées à certaines sorties d’autoroute, mais sans pour autant entraver la circulation.”

En Flandre, en revanche, “les actions syndicales restent essentiellement limitées à des barrages filtrants mis en place par des grévistes à l’entrée des entreprises. Toutefois, la combinaison de ces barrages et de l’absence de personnel (ouvrier) entraîne une paralysie totale de la production dans de nombreuses entreprises (surtout de plus grande taille, à quelques exceptions près) de Flandre aussi.” Aucun incident avec des piquets de grève n’a été signalé à Agoria.

Coût de la grève de fin décembre : quelques centaines de millions d’euros pour le secteur privé

Fin décembre, une grève avait déjà frappé le pays. Son coût ? Difficile à évaluer. Notamment pour une société comme la SNCB, qui avait chiffré à près de 1 million d’euros le manque à gagner engendré par une journée totale de grève. Problème : il faut soustraire de ce montant l’argent économisé sur le salaire des employés et ouvriers grévistes, ainsi que les économies énergétiques réalisées sur les installations ferroviaires et dans les installations administratives…

La Fédération des entreprises de Belgique avait, de son côté, obtenu un résultat avoisinant “plusieurs centaines de millions d’euros“, mais sans réelle précision sur ce montant. Un nombre important d’entreprises avaient en effet, comme ce lundi, pris des mesures préventives à la suite de l’annonce des actions. Elles avaient mis en place des méthodes alternatives comme le télétravail et le carpooling.

Grève : “Une grande facilité à faire fermer les entreprises” (syndicat)

“Beaucoup plus d’entreprises que ce que l’on attendait ont été fermées, a indiqué lundi Luc Giltay, secrétaire régional adjoint de la FGTB. Il faut dire que les gens étaient bien informés. De plus en plus de personnes se rallient naturellement pour envoyer un message fort au gouvernement.”

Parmi les entreprises qui ont débrayé : tout le secteur du verre et de la construction, les entreprises de travail adapté (ETA), les carrières, les entreprises alimentaires. Les écoles tournent au ralenti, quand elles ne sont pas fermées. Dans les hôpitaux, le service minimum est assuré. Les bus TEC ne circulent quasiment pas.

“La mobilisation d’aujourd’hui répond à nos attentes, j’espère que le politique entendra notre message”, a conclu Guy Fays, secrétaire régional de la FGTB, qui a notamment évoqué les intérêts notionnels, les acquis sociaux mis à mal et le fait de taxer les plus riches.

Grève : les entreprises de Flandre disent subir peu de perturbations

Le coût de la présente grève pourrait être d’autant plus difficile à chiffrer qu’elle semble n’avoir provoqué que peu de perturbations sur les entreprises du nord du pays. Le mort d’ordre syndical visant à ne pas fermer de zonings industriels a dans l’ensemble été bien respecté, a indiqué Jo Libeer, administrateur délégué du Voka, sur base de la consultation d’un millier d’entreprises.

Selon la fédération patronale flamande, aucun travailleur ne fait grève dans 75 % des entreprises interrogées. En outre, pour 94 % d’entre elles, l’accès à l’entreprise n’a pas été entravé. Seules 18 % des sociétés interrogées signalent une baisse de production ou une diminution des services et 15 % ont rencontré des problèmes avec des fournisseurs ou sous-traitants.

De son côté, le Syndicat neutre pour indépendants (SNI) rapporte, sur base de la consultation de 412 entreprises, des conclusions semblables. A savoir que les perturbations provoquées par la grève sur les PME et TPME sont restées limitées. Seulement 8 % des sociétés interrogées disent avoir été confrontées à des grévistes.

Les PME et TPE n’ont toutefois pas tourné à plein régime. En moyenne, 17 % du personnel a en effet pris un jour de vacance principalement en raison de l’absence de transport public. Christine Mattheeuws, présidente du SNI, a dès lors réitéré son plaidoyer pour un service minimum dans les transports publics.

Trends.be, avec Belga

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