“La taxe kilométrique pour les camions signe la mort du secteur”

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Taxer les camions qui parcourent les routes belges au kilomètre, la mesure est sur la table depuis un certain temps et pourrait se concrétiser à l’horizon 2016. Cette décision est fortement décriée par les sociétés de transports qui en déduisent la mort du secteur, déjà fortement menacé par la concurrence des chauffeurs de l’Est.

En début de semaine, on apprenait que les autorités des trois régions planchaient à nouveau sur la redevance au kilomètre visant les camions de plus de 3,5 tonnes et qui devra remplacer l’actuelle Eurovignette. Dorénavant, les poids lourds belges comme étrangers devront payer une contribution pour chaque kilomètre parcouru sur les routes et autoroutes du royaume. Et plus le poids lourd sera polluant, plus le tarif kilométrique sera élevé. Cette mesure prévoit aussi un tarif dissuasif pour la traversée de la capitale qui coûtera trois fois plus cher. Plus largement, le gouvernement bruxellois considère que le dispositif doit décourager la circulation des poids lourds en ville, réduire la pollution dans la Région et faire “contribuer de manière juste les poids lourds aux coûts de l’infrastructure routière“. C’est aussi toute la santé financière de la Wallonie et la santé sanitaire de son réseau routier qui dépendent de l’instauration de cette taxation kilométrique. Elle pourrait lui rapporter pas moins de 220 millions d’euros.

Mais du côté des transporteurs, on ne voit pas du tout cette redevance d’un bon oeil. Cette taxe signe carrément la mort des entreprises du secteur, selon un gérant d’entreprise contacté par nos soins. “Nous sommes déjà lourdement menacés depuis 5-6 ans par la concurrence des chauffeurs de poids lourds originaires des pays de l’Est. Ces derniers sont engagés à très bas coûts, ils coûtent souvent le quart d’un salarié belge“, avance-t-il. Ajoutant : “Les trois plus grandes firmes de transport en Belgique font appel à des chauffeurs de l’Est en contournant la législation. Elles sont donc moins concernées par cette mesure. Les PME qui ne font pas appel à ce type de personnel seront condamnées, à terme, par cette taxe. La plupart d’entre elles sont d’ailleurs déjà dans le rouge. On parle quand même au total de plus de 100 000 emplois sur la sellette.” Le gérant regrette aussi que cette décision se prenne en catimini par les autorités, sans concertation avec les représentants du secteur.

Comment renouveler la flotte et répondre aux normes environnementales sans argent ?

Un tarif au kilomètre très lourd que les sociétés de transport ne pourront pas répercuter sur leurs clients. “Pour un camion, cela représente un coût de 8 à 9000 euros par an, qu’il soit vide ou chargé. Le client n’est plus fidèle à l’heure actuelle, il recherche avant tout le prix de transport le plus bas possible et négocie toujours à la baisse“, nous confie cette source à la tête d’une entreprise existant depuis plus de 50 ans. Il avance que sur les 8000 firmes de transport présentes en Belgique, la grande majorité d’entre elles ne font plus de profits à l’heure actuelle, allant jusqu’à prédire leur faillite pure et simple dans un avenir proche suite à l’instauration de cette nouvelle redevance routière.

Cette taxe variera notamment en fonction des émissions de gaz polluants, pour encourager les transporteurs à opter pour une flotte de véhicules plus respectueux de l’environnement. “Mais comment faire pour répondre à ces normes et profiter de tarifs réduits avec une flotte d’une dizaine d’années et sans argent pour la renouveler ? “, s’interroge notre interlocuteur.

Comme cela avait été le cas lors de l’introduction de l’Eurovignette, une autre mesure fortement contestée à l’époque, les sociétés de transports annoncent des actions dans les jours à l’avenir, comme des blocages routiers et comptent bien faire entendre leur voix auprès de la FEB et des autorités compétentes en la matière. Actuellement, le montant des redevances n’a pas encore été fixé, mais, selon L’Echo, elles devraient s’élever à environ 0,12 euro par kilomètre en Wallonie et en Flandre et à quelque 0,35 euro à Bruxelles. L’Union professionnelle du transport estime que cela équivaudra à au moins quintupler l’actuelle Eurovignette payée pour les camions de 12 tonnes.

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