La pierre à aiguiser ardennaise: mondialement réputée, on en extrait près de 50 tonnes par an

© Wouter Rawoens

“Le secret de notre pierre à aiguiser ? Un accident géologique qui date d’environ 450 millions d’années, explique Maurice Celis. Une combinaison d’éruptions volcaniques sous-marines, de formation de manganèse et de fer, de pression et de températures élevées a abouti à la formation d’un minéral très dur : la spessartine. Lors de ce phénomène, par chance pour nous, la formation du minéral s’est arrêtée au bon moment pour fournir un grenat très fin. S’ajoute à cela sa grande dureté, de sorte que nous bénéficions aujourd’hui de la pierre d’aiguisage idéale.”

En 1983, sur les conseils du chercheur liégeois André Lesuisse, l’ingénieur des mines Maurice Celis achète, avec quatre partenaires liégeois, la carrière Coticule à Petit-Sart, qui était connue pour ses pierres d’aiguisage. “A l’époque, je travaillais encore pour la mine de Winterslag. Je venais donc travailler à la carrière le soir et le week-end. J’ai tenu le coup à ce rythme pendant une année, mais comme cela devenait trop lourd, j’ai vendu mes parts aux autres associés. En 1993, j’ai reçu un coup de fil me demandant si la carrière m’intéressait toujours, parce qu’elle était sur le point de déposer le bilan. Comme la mine de Winterslag devait fermer début 1994, j’étais à la recherche de travail. Je préférais me rendre à Petit-Sart plutôt que d’être tous les jours dans les embouteillages vers Bruxelles. J’ai donc accepté. Il fallait repartir à zéro. Très rapidement, nous avons lancé la vente en ligne. En 1998, à peine 5 % des entreprises belges avaient un site internet. Une semaine après la mise en ligne, la première commande arrivait. D’un Américain, qui est toujours notre client.”

Aujourd’hui, Ardennes-Coticule livre dans le monde entier, mais son principal marché est l’Allemagne. Cette petite entreprise de cinq personnes atteint un chiffre d’affaires annuel d’environ 700.000 euros. Deux tiers proviennent de la vente de coticule, produit de première qualité extrait de la carrière. “C’est une pierre à affûter de très grande qualité, très prisée par les barbiers, menuisiers-ébénistes et jardiniers.” Outre le coticule, Maurice Celis vend également de la pierre bleue belge. “C’est notre pierre ‘bas de gamme’, mais elle est d’un niveau nettement supérieur à de nombreuses autres pierres. Nous voulons à présent passer rapidement à un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros. Nous envisageons d’acquérir une seconde carrière tout près d’ici, à Regné. Et il y a aussi un projet d’étude des possibilités d’utiliser les résidus broyés de nos pierres naturelles pour en faire de la pierre synthétique qui aurait des propriétés similaires.”

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