La Leffe et la Jupiler sont-elles trop chères en Belgique ?

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Cela ressemble à une provocation. AB InBev veut augmenter le prix de la bière en Belgique, quelques jours à peine après que la Commission européenne ait épinglé le groupe, estimant que celui-ci bloque l’importation de bières moins chères.

Fixer le prix d’un produit est un art. Il a ses règles légales, et la Commission européenne estime qu’AB InBev a été trop loin. Elle l’accuse d’en faire trop pour protéger le marché belge. Elle a informé le brasseur qu’elle considérait ” à titre préliminaire, que l’entreprise avait abusé de sa position dominante sur le marché belge en empêchant l’importation de ses bières Jupiler et Leffe en Belgique à partir des Pays-Bas et de la France, où ces produits sont moins chers “.

L’accusation n’a pas ému le groupe AB InBev, qui a annoncé moins d’une semaine après la sortie de la Commission, qu’il augmentera les tarifs de ses bières en Belgique. Notre confrère De Tijd parle d’une hausse en 2018 de 3,12 % pour les Jupiler, Leffe et Stella Artois vendues dans un café et de 2,83 % pour celles écoulées en supermarché. Le groupe n’a pas modifié sa stratégie commerciale et ne commente guère les arguments de la Commission. ” Nous n’avons pas de commentaires à faire, si ce n’est que nous travaillons de manière constructive avec la Commission européenne depuis l’annonce de l’enquête en juin 2016, a fait savoir le porte-parole du groupe, Peter Dercon. Une communication des griefs n’est pas une décision finale sur l’issue de l’affaire. En tant qu’entreprise, nous prenons la conformité aux règles de concurrence très au sérieux. ”

Retirer le texte français

La Commission accuse AB InBev de recourir à des approches dilatoires. Il a, selon elle, modifié l’étiquetage des Leffe et des Jupiler. ” Il a, par exemple, retiré le texte français de ses cannettes aux Pays-Bas et le texte néerlandais de ses cannettes en France afin d’empêcher la vente dans les régions francophone et néerlandophone de Belgique. ” Elle accuse aussi AB InBev d’avoir limité l’accès pour certains ” détaillants néerlandais ” à ” des produits et des promotions incontournables afin de les empêcher d’acheminer des produits brassicoles moins chers vers la Belgique “.

Il n’est pas certain que la Commission aboutisse à une condamnation d’AB InBev. Mais l’accusation rappelle combien la concurrence est plus forte dans les pays voisins, et y pousse les prix vers le bas. D’où l’appétit du Belge pour les courses transfrontalières, dans les hypermarchés du nord de la France ou les supermarchés néerlandais. Selon Comeos, qui se désole de ce mouvement grandissant, la part des achats transfrontaliers se situeraient autour des 4 % du total.

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