La guerre des protons aura bien lieu

© IBA

Via une procédure dite de fournisseur unique, la société wallonne de radiothérapie IBA s’est vue attribuer de facto le marché du futur centre de protonthérapie de Charleroi. Son grand rival américain Varian vient d’introduire un recours contre cette décision.

Enième rebondissement dans le dossier on ne peut plus ‘touchy’ des deux futurs centres belges de protonthérapie. Rebondissement en particulier pour le projet porté par l’exécutif wallon et par l’ULB, l’ULg, l’UMons et l’UNamur, qui sera prochainement installé à Charleroi. La société américaine Varian, leader mondial en radiothérapie, vient d’introduire un recours devant le Conseil d’Etat et devant le tribunal de première instance de Bruxelles contre la décision des quatre universités d’acheter à la société wallonne IBA, leader technologique mondial en protonthérapie, sa fameuse machine Proteus One pour concrétiser leur projet de plateforme de recherche sur Charleroi. Au moyen d’une procédure dite de fournisseur unique, prévue dans la loi relative aux marchés publics, IBA s’est effectivement vu attribuer le marché carolo sans qu’aucun appel d’offres n’ait été lancé à ce propos. Seul un avis ex ante, invitant les concurrents potentiels à se manifester endéans les 10 jours en cas de désaccord, a été publié le 6 juin dernier au Journal officiel de l’Union européenne. Et contrairement à ce que d’aucuns prédisaient, la procédure n’est pas “passée comme une lettre à la poste”.

“Forcément, martelaient encore quelques heures plus tôt plusieurs sources universitaires proches du dossier, IBA est la seule boîte au monde à disposer de la machine répondant à nos besoins de recherche. C’est une question de caractéristiques techniques. Cela a bien sûr été prouvé au moyen d’une étude réalisée sur la question.” C’est précisément cet argument que conteste Varian qui entend donc faire valoir ses arguments devant les tribunaux. “Du bluff à l’américaine”, selon certains, du “sabotage en règle”, selon d’autres.

Il faut dire que le torchon brûle un peu plus chaque jour entre le géant américain et le fleuron wallon IBA. En cause notamment, le second marché belge dans le domaine de la protonthérapie à décrocher, louvaniste celui-là, dont l’appel d’offres public européen est toujours en cours. IBA y a répondu, Varian aussi. “Le marché de la radiothérapie est aujourd’hui beaucoup plus dense que celui de la protonthérapie, expose une source issue de l’ULB. Mais la protonthérapie est en train de décoller. Il y a là un véritable potentiel de croissance pour IBA. Varian l’a bien compris et tente de tuer IBA dans l’oeuf.” Une autre, de l’UCL cette fois, commente : “La protonthérapie est un marché ultra compétitif. IBA, Varian, Hitachi (société japonaise, Ndlr) se battent à coups de moyens légaux. Ils ne laissent rien passer”. Et de prévenir : “Si c’est IBA qui obtient le marché de Louvain (l’autre futur centre de protonthérapie, porté par le tandem KUL/UCL, Ndlr), l’UCL aura une plateforme de recherche formidable. Par contre si ce sont les Américains qui l’obtiennent, il est clair que nous nous interdirons de faire de la recherche avec eux. Car l’UCL est bien trop ‘maquée’ avec IBA, elle en est l’un des membres fondateurs et actuel actionnaire. Et puis, étant donné que les cliniciens de Saint-Luc rechignent à travailler à Charleroi, l’UCL se couperait d’IBA.”

Lire l’intégralité de ce reportage dans le numéro de Trends-Tendances à paraître ce 18 juin.

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