L’industrie automobile implore Westminster de trouver une solution au Brexit

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Les professionnels britanniques de l’automobile ont imploré jeudi le Parlement de s’accorder sur une solution au Brexit et d’éviter à tout prix une sortie de l’UE sans accord, en publiant des chiffres inquiétants au lendemain d’une soirée abracadabrante à Westminster.

“Nous avons désespérément besoin que le Parlement se mette d’accord pour restaurer la stabilité, afin de pouvoir refonder la confiance et permettre à notre activité d’être prospère pour l’économie”, a écrit Mike Hawes, le directeur général de l’Association des constructeurs et des vendeurs automobiles (SMMT), dans un communiqué au ton particulièrement alarmiste.

Dès le lendemain du référendum du 23 juin 2016 qui a vu la victoire des partisans du Brexit, l’industrie automobile britannique avait alerté sur les conséquences potentiellement très néfastes du départ de l’UE pour cette activité très dépendante des échanges avec le continent. Son inquiétude n’a fait que s’aggraver avec le chaos politique entourant désormais le Brexit, initialement prévu le 29 mars mais désormais retardé.

“L’idée d’un Brexit sans accord mais sous contrôle n’est que fiction. L’incertitude a déjà paralysé l’investissement, coûté des emplois et endommagé notre réputation mondiale”, a fulminé M. Hawes.

Mercredi soir, les députés britanniques se sont montrés incapables de s’accorder sur la forme que doit prendre le Brexit. Lors d’une série de votes “indicatifs”, qu’ils avaient réclamés, ils ont voté contre huit scénarios alternatifs à l’accord de sortie conclu par leur Première ministre Theresa May avec les dirigeants des 27 autres pays de l’UE – mais que les députés ont rejeté aussi deux fois depuis le début de l’année.

Pour les professionnels de l’automobile, il y a urgence car les chiffres du secteur ne sont pas bons. La production de voitures a chuté de 15,3% en février sur un an, à 123.203 véhicules. Il s’agit du neuvième mois consécutif de repli. La production a baissé pour les voitures vendues au Royaume-Uni (-11,0%) mais encore davantage pour les voitures exportées (-16,4%), du fait d’un repli de la demande en Asie et en Europe.

Près de 8 voitures sur 10 produites dans le pays sont destinées à l’exportation – dont la moitié pour l’UE.

Face aux incertitudes du Brexit, les investissements dans le secteur automobile britannique ont chuté de près de moitié en 2018 par rapport à 2017.

L’actualité du secteur a été marquée dernièrement par plusieurs annonces des constructeurs japonais très présents dans le pays. Nissan a renoncé à produire un crossover dans son usine géante de Sunderland (nord-est de l’Angleterre) et Honda a annoncé la fermeture en 2021 de son usine de Swindon (sud-ouest de l’Angleterre), même s’il n’a pas évoqué le Brexit. A l’inverse, Toyota a annoncé qu’il allait fabriquer une nouvelle voiture hybride pour son partenaire Suzuki au Royaume-Uni.

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