Intérim : André Antoine fait le ménage chez Trace

Un emprunt de 2,7 millions d’euros, effectué au nom de la société d’intérim Trace dans une agence ING de Paliseul, suscite de nombreuses interrogations. Ajoutée à un déficit cumulé de 2,5 millions d’euros pour 2009 et 2010, cette affaire a entraîné la révocation du conseil d’administration.

1er acte : un bien étrange emprunt, souscrit par Trace, est révélé

Un emprunt de 2,7 millions d’euros, effectué au nom de la société Trace dans une agence ING de Paliseul, suscite de nombreuses interrogations, révèle un audit réalisé en mai et juin derniers par Ernst & Young et un professeur de l’ULB à la demande du conseil d’administration de l’agence d’intérim, rapportait samedi Le Soir.

Une double opération menée en 2009 pose en effet des problèmes. Une personne mandatée par Trace emprunte alors 2,7 millions d’euros dans une agence ING à Paliseul, somme qui doit servir à payer le pécule de vacances du personnel. Le conseil d’administration valide ensuite le placement de cette somme, avec la perspective d’un rendement positif pour Trace. Au final, le taux fut moins élevé que prévu, avec un manque à gagner pour la société.

Le choix de l’agence ING de Paliseul interpelle aussi les experts chargés de rédiger le rapport, qui regrettent de n’avoir pu disposer des échanges de courriers entre Trace et ING et des contrats de placement reprenant les taux annoncés.

Tindaro Tassone, directeur général de Trace, indiquait vendredi que le conseil d’administration a réagi dès qu’il a été informé des modalités de cet emprunt. L’organe directeur de l’entreprise était bien au courant de l’emprunt, de son montant et de l’opération de placement, mais pas du choix de l’agence et du changement de taux, précise-t-il.

“Il n’y a pas conformité entre ce qui a été présenté au conseil d’administration et ce qui se trouve expliqué dans le rapport, poursuit Tindaro Tassone. Et nous sommes étrangers au choix de l’agence. Le conseil d’administration m’a donc chargé de faire toute la lumière sur ces transactions et de proposer des solutions. Puis il prendra les mesures qu’il juge nécessaires.”

2e acte : la Région wallonne révoque le conseil d’administration de Trace

Le gouvernement wallon, réuni samedi en conseil des ministres restreint, a décidé de révoquer le conseil d’administration de la société Trace, après la publication de l’article du Soir, indique lundi le quotidien. Cette transaction s’ajoute à un déficit cumulé de 2,5 millions d’euros pour 2009 et 2010.

“C’était la crise et, dans la tempête, nous n’avons pas restructuré, ce qui est à notre honneur !”, fait valoir Tindaro Tassone. En plus des pertes, sous sa direction, l’entreprise a connu 54 licenciements et 74 départs en trois ans, et se retrouve gérée en partie par des managers de crise employés par une société privée.

Enfin, le sponsoring de Trace interpelle : il a continué à profiter à des événements “chers” au PS, dont un soutien quintuplé aux Ardentes (festival musical à Liège), dont l’administrateur est Gaëtan Servais, vice-président de Trace.

Le conseil d’administration de Trace sera renouvelé jeudi, a annoncé André Antoine, ministre wallon de l’Emploi. Il sera recomposé avec des membres des quatre partis démocratiques plus l’actionnaire privé (Ethias), et le PS n’y disposera plus de la majorité.

André Antoine annonce aussi des enquêtes disciplinaires pour déterminer qui est responsable des placements financiers suspects. Il veut également s’assurer que le contrat d’objectifs, assigné à la société jusqu’en 2013, sera respecté. Enfin, il entend doter l’entreprise d’un contrat de sponsoring et de communication et ambitionne à terme d’ouvrir l’actionnariat au privé, au-delà d’Ethias.

Trends.be, avec Belga

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