France Télécom: un ex-cadre raconte sa “honte” devant des “méthodes machiavéliques”

© reuters

Jean-Paul Nouhaud faisait partie du “top management” de France Télécom, mais lundi, c’est en tant que partie civile qu’il a pris la parole au procès de ses ex-patrons jugés pour “harcèlement moral”, faisant part de sa “honte” liée aux pratiques de son ancienne entreprise.

M. Nouhaud, aujourd’hui âgé de 69 ans, a été directeur régional de France Télécom pour la Martinique et la Guyane et dirigeait à ce titre environ 800 personnes. Le tournant remonte, selon lui, à fin 2005 et début 2006. “C’est arrivé d’un seul coup et brutalement. Tout le monde était mort de peur et cherchait à sauver sa peau”, se souvient-il. “Il m’est demandé de ‘déflater’ en obligeant des personnes à partir à la retraite, ou avec des mobilités géographiques ou fonctionnelles forcées. (…) On nous demande de trouver des volontaires au départ mais il n’y en a plus”, raconte l’ex-directeur à la barre. “Je fais front, je refuse de mettre en place des mesures de harcèlement”, poursuit-il, parlant de “méthodes de coercition machiavéliques”.

Il accuse Didier Lombard, l’ex-PDG, Louis-Pierre Wenès, l’ex-numéro 2 et Olivier Barberot, l’ex-DRH. Sa part variable chute, passant de 22.783 euros en 2005 à 6.881 euros en 2006. Il s’agit selon lui d’une sanction parce qu’il n’a pas accepté de pousser les personnels au départ. Mi-2006, la nouvelle directrice territoriale l’informe qu’Olivier Barberot l’a mandatée pour obtenir son départ en pré-retraite. “Mon encadrement reçoit la consigne de ne plus répondre à mes ordres”, assure-t-il.

En septembre, il signe le protocole d’accord, mais le départ en congé de fin de carrière (CFC) était contraint, affirme-t-il. “J’ai été poussé vers la sortie”. “J’ai honte pour quelques cadres dirigeants, j’ai honte de ce qui s’est passé. (…) Lorsqu’on me demande ce que je faisais, je réponds que j’étais directeur dans les télécommunications”, et non à France Télécom, déclare Jean-Paul Nouhaud au tribunal.

Pour Louis-Pierre Wenès, “M. Nouhaud parle de restructurations qui ont eu lieu fin 2005-début 2006. Cela n’a rien à voir avec le plan NExT”, le plan de réorganisation qui est au coeur du procès. La plupart des faits concernant cette partie civile se sont en effet déroulés avant la période de prévention qui va de 2007 à 2009. L’ex-cadre de France Télécom reproche également à la société de ne pas avoir réglé ses jours déposés sur son compte-épargne temps. “Cette question a été débattue et a déjà donné lieu à deux décisions de justice”, répond Nicolas Guérin, secrétaire général d’Orange, qui représente France Télécom au procès. Le procès se terminera le 12 juillet.

Partner Content