Ford va fermer ses usines au Brésil, près de 5.000 licenciements à la clé

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Le constructeur automobile américain Ford a annoncé lundi la fermeture de ses trois dernières usines au Brésil, avec à la clé près de 5.000 licenciements, dans un secteur plongé dans la crise par la pandémie de Covid-19.

“Ford va cesser la production (…), la pandémie n’a fait qu’augmenter la capacité de production inutilisée et la réduction des ventes a provoqué des années de pertes significatives”, a annoncé l’entreprise dans un communiqué.

Cette restructuration représentera un coût de 4,1 milliards de dollars dont 2,5 en 2020 et 1,6 en 2021, a précisé le constructeur.

“Nous savons que ces décisions sont très difficiles, mais nécessaires, pour créer une entreprise saine et durable”, a déclaré le président de l’entreprise, Jim Farley, cité dans le communiqué.

En février 2019, Ford avait déjà fermé sa plus ancienne usine au Brésil, qui employait plus de 3.000 personnes dans le pôle industriel historique de Sao Bernardo do Campo, près de Sao Paulo, dans le cadre d’un plan de restructuration mondial.

“Nous allons travailler d’arrache-pied avec les syndicats, nos employés et nos autres partenaires pour mettre en place des mesures qui aident à faire face à l’impact difficile de cette annonce”, a déclaré Lyle Watters, PDG de Ford en Amérique du Sud.

Le constructeur automobile a précisé que la production allait cesser “immédiatement” dans les usines de Camaçari (nord-est) et Taubaté (sud-est), et que “seule serait maintenue la fabrication de certaines pièces pendant quelques mois pour assurer le service après-vente”.

L’usine d’Horizonte, dans l’Etat du Ceara (nord-est), va pour sa part continuer à fonctionner “jusqu’au quatrième trimestre 2021”.

Ford Brésil ne va maintenir que son siège administratif, son centre de développement de produits et son terrain d’essais.

En revanche, les usines de production en Argentine, ainsi qu’un projet d’usine en Uruguay ne seront pas touchés par ce plan, pas plus que les activités de vente ailleurs en Amérique du sud, a précisé le constructeur.

“Le secteur automobile a connu une forte consolidation ces dernières années. General Motors en particulier a pris des mesures énergiques pour se retirer de marchés qui n’avaient pas de sens sur le plan financier. Le retrait de Ford du Brésil confirme qu’ils sont prêts à prendre les mêmes décisions concernant les marchés peu performants”, a estimé auprès de l’AFP Karl Brauer, analyste pour le site spécialisé carexpert.com.

De façon générale, Ford se détourne de la fabrication des citadines et berlines pour se concentrer sur la production de pick-up et de camions, plus rentables et particulièrement en vogue aux Etats-Unis actuellement.

Le groupe met aussi l’accélérateur sur les véhicules électriques avec notamment le lancement prochain de la Ford Mustang Mach-E.

L’annonce a fait l’effet d’une bombe au Brésil où le constructeur est présent depuis 1921.

“Ce n’est pas une bonne nouvelle. Ford a gagné beaucoup d’argent au Brésil. (…). Je pense qu’ils auraient pu retarder leur décision et attendre, car notre marché de consommation est plus important que d’autres”, a réagi le vice-président brésilien Hamilton Mourao sur CNN Brésil.

La vente de véhicules neufs au Brésil a chuté de 26% en 2020 par rapport à l’année précédente en raison de la crise du Covid-19.

En avril, au plus fort des restrictions mises en place pour tenter d’endiguer la pandémie, la production automobile a été pratiquement à l’arrêt (-99% par rapport à mars), avant de reprendre progressivement.

Le Brésil est touché de plein fouet par une deuxième vague de contaminations du Covid-19, avec plus de 203.000 morts, le deuxième pire bilan après les Etats-Unis.

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