Filame et la durabilité : “Le cycle de l’acier est quasi infini”
Le groupe belge Filame est un des leaders européens de la fabrication, entre autres, de ressorts et fils formés. Entretien avec Jean Gabriel, son Managing Director, sur son évolution et ses défis à venir dans un secteur en constante évolution.
Des ressorts minuscules, plus petits qu’un gain de riz ou de plus grandes tailles, se dissimulent de façon astucieuse et insoupçonnée dans les objets de notre quotidien. “Pour vous donner un exemple, on trouve de 6 à 8 ressorts de 0,1 mm intégrés dans le mécanisme d’une serrure. Ces ressorts de haute précision sont si petits qu’on ne les voit qu’au microscope”, explique à Trends Tendances Jean Gabriel, Managing Director de la société belge Filame. “A l’inverse, les plus gros ressorts font 20 mm. On les trouve principalement dans le secteur des engins de génie civil ou agricoles”.
L’entreprise basée à Nivelles est spécialisée dans la fabrication de pièces à base de fil et de feuillard, dans la production de ressorts de haute précision – ressorts de torsion, de compression, traction et ressorts à lame – ainsi que toutes pièces de tôlerie et travaux de presse.
Les applications sont très variées. Filame couvre de nombreux secteurs, dont celui de l’automobile. “Notre bureau d’études accompagne le groupe Stellantis pour son passage aux véhicules électriques. Nous travaillons sur un système ressort qui permet de maintenir les batteries dans les voitures“, explique son CEO. Ses autres clients – Caterpillar, Picanol, Alstom, New Holland, Thales,…- sont des pointures dans leur domaine.
Du sur-mesure
“Toute commande est du sur-mesure à 100%, que notre bureau d’études élabore avec nos clients”, commente Jean Gabriel. Pour le nouveau modèle de Range Rover, par exemple, nous avons fabriqué un ressort de double torsion pour le système de cache-bagage. Dans le domaine agricole, les moissonneuses batteuses dernier cri de New Holland seront équipées de nos lames-ressorts pour évacuer les ballots“.
Citons encore les ressorts pour les pantographes des trams de la STIB ou encore dans le secteur médical, des baxters équipés d’un petit ressort pour réguler les fluides. “Nous avons aussi fourni un dispositif prototype intra corporel, c’est la première fois que nous travaillions là-dessus, c’est l’avenir dans ce secteur”.
Filame possède, par ailleurs, une expertise dans la fabrication de petits et grands plans de travail pour l’Horeca (jusqu’à 3 mètres de long) avec éviers et bruleurs gaz intégrés. La société fabrique la plupart des références de la société belge Antoine, leader européen des plans de travail pour bar.
Management collaboratif
La société bruxelloise fondée en 1999 évolue avec son temps. De par son modèle de management notamment. Il y a 4 ans, la direction a décidé d’inverser la structure hiérarchique. “Il n’y a plus de chef de production chez nous. Nous avons délégué l’intelligence de production à la base. C’est logique, car le savoir-faire vient des personnes sur le terrain, commente Jean Gabriel. La personne qui reçoit une commande directement sur son ordinateur en est responsable de A à Z, en toute autonomie.”
Ce modèle de management collaboratif basé sur une culture de la responsabilisation est aussi un moyen d’attirer les plus jeunes générations et, surtout, de les garder. Sur la cinquantaine de collaborateurs, la société compte 12 jeunes recrues ces deux dernières années. “Nous nous chargeons de former les opérateurs et régleurs sur plusieurs années pour qu’ils progressent dans la société.”
“Cobots” et imprimantes 3D
Au niveau technologique, Filame se doit aussi d’être en constante évolution. Elle innove par l’automatisation poussée de ses processus de production. Des robots collaboratifs – ou “cobots” – ont ainsi fait leur apparition dans l’entreprise aux côtés des ouvriers. “Ils ne remplacent pas l’humain, mais permettent de faciliter et d’accélérer la production en leur délégant certaines tâches plus rébarbatives“, explique Jean Gabriel.
Sur l’impulsion de son personnel, la société s’est aussi dotée de trois machines à impression 3D. Elles servent, entre autres, à réaliser des outillages de presse pour des pièces prototypes, par exemple dans le secteur automobile. “Cette technologie est très intéressante. Le coût d’un outillage pour prototype en impression 3D est divisé jusque par dix”, commente Jean Gabriel.
Durabilité
La durabilité est dans l’ADN de Filame. “Le cycle de l’acier est quasi infini”, déclare son dirigeant. L’acier et l’inox achetés proviennent en effet principalement de la réutilisation de la mitraille et des ferrailles, c’est-à-dire des chutes des pièces fabriquées par les aciéries et fonderies d’inox. Au niveau énergétique, Filame couvre jusqu’à 80 % de sa consommation quotidienne en électricité depuis début de cette année. Elle a installé 735 panneaux solaires sur le toit de son bâtiment à Nivelles, d’une puissance totale de 250 kWc.
Avec un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros et une croissance rapide, Filame s’est vu octroyer en 2022 le Wallonia Silver Export Award par l’AWEX. Chaque année, 500 millions de pièces sortent de son usine, dont 70% sont destinés à l’export. La France est le premier pays d’Europe en exportation (50% de ses exportations). La société se taille aussi une belle place en Allemagne et dans les pays de l’Est et ambitionne de davantage se développer à l’international dans le futur.
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