Fiat Chrysler Automobile peine à convaincre les investisseurs

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Le groupe Fiat Chrysler Automobile, né de la fusion entre Fiat et Chrysler, a fait son entrée à la Bourse de New York ce lundi. Une première journée qui s’est clôturée par une baisse de l’action car les énormes projets du croissance groupe rencontrent un certain scepticisme.

L’accueil n’a pas été triomphal. Au terme de la première journée de cotation à New York, l’action Fiat Chrysler Automobile a reculé de 1% (de 9 à 8,92 dollars). Ce n’est pas une surprise. Les projets de croissance de Sergio Marchionne, 62 ans, le patron du groupe, ne rencontrent pas l’unanimité dans la communauté des analystes. C’est peu de le dire. Le CEO promet d’augmenter les ventes de 60% d’ici 5 ans, pour passer de 4,4 à 7 millions de véhicules vendus, en multipliant les modèles et les marchés. Pour ce faire il promet d’investir 48 milliards d’euros.

Les miracles d’un joueur de poker

Sergio Marchionne, bon joueur de poker, a pourtant quelques miracles à son actif depuis qu’il dirige Fiat en 2004. Il a sauvé le constructeur italien d’une quasi faillite et a sorti Chrysler de la banqueroute en 2009. A présent les deux constructeurs sont fusionnés dans une seule entreprise, Fiat Chrysler Automobile (FCA), de droit néerlandais, basée fiscalement en Grande-Bretagne. FCA est cotée à la fois à Milan et à New York, qui sera la principale place financière pour le groupe. Cette cotation américaine vise à ouvrir l’accès à des capitaux, indispensables pour financer les projets chers à Sergio Marchionne.

La moitié des analystes ne croient pas au plan Marchionne

Fiat Chrysler Automobile compte bien émettre de la dette et, sans doute, vendre de nouvelles actions. Les analystes sont divisés. Selon l’agence Bloomberg, la moitié de la profession recommande la vente du titre, estimant que Sergio Marchionne n’atteindra jamais son objectif. Le bureau d’analyse IHS Automotive “ne pense pas que ce plan réussira, le ventes de 2018 devraient atteindre 5,1 millions d’unités, ce qui représente encore 18% d’augmentation.”.

Le plan de Sergio Marchionne consiste notamment à doubler les ventes de Chrysler, développer le marque Jeep, à faire renaitre Alfa Roméo, dont la gamme est actuellement très réduite. Les ventes de cette marque atteignent à peine 73.000 voitures en 2013 et FCA en prévoit 400.000 en 2018. Il veut gonfler aussi Maserati. Le groupe projette de développer le marché chinois, où il est peu présent.

La grande théorie de Sergio Marchionne, énoncée avant le rachat de Chrysler, est qu’un constructeur de voitures “généraliste” n’est vraiment viable à long terme qu’à partir de 6 millions d’automobiles.

Sergio Marchionne a doublé ses actions

Sergio Marchionne a eu beau accomplir des miracles, il a aussi manqué certains plans annoncés précédemment, notamment une relance d’Alfa Roméo, abandonnée en raison de la crise bancaire et des dettes publiques européennes. Le groupe présente un profil plus faible que les grands concurrents (Renault-Nissan, Volkswagen), qui sont plus actifs en Chine et dépendent moins du marché européen, et moins endettés que FCA. Sergio Marchionne, lui, y croit : il a doublé le nombres d’actions FCA qu’il détient, passant de 3,1 millions en mai dernier à 6,5 millions en septembre, soit 0,5% de la compagnie. Et, de toutes manières, plan réussi ou non, il a annoncé qu’il quittera son poste à l’échéance, en 2018.

L’entrée en Bourse à New York va toutefois changer une chose : le centre gravité du groupe. Il sera plutôt aux Etats-Unis. Le groupe est de moins en moins italien, même si le premier actionnaire reste Exor, une holding de la famille Agnelli.

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