Exclusif : les minéraliers perdent la guerre de l’eau

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Le patron de Spadel et président de la Fédération de l’industrie des eaux et des boissons rafraîchissantes n’avait pas apprécié certains des arguments de Vivaqua. Pour l’ex-Compagnie intercommunale bruxelloise des eaux, boire l’eau du robinet, notamment, s’avère bien plus écologique puisque faisant l’économie et de l’embouteillage et du transport… Portée devant la justice, l’affaire s’est mal terminée pour la fédération, puisqu’elle a été déboutée de pratiquement toutes ses demandes.

Sur le front de l’eau potable, la guerre que se livrent minéraliers et Vivaqua n’en finit pas. En première ligne : Marc du Bois, administrateur délégué de Spadel, d’une part, et Christiane Franck, directrice générale de Vivaqua (ex-Compagnie intercommunale bruxelloise des eaux), d’autre part.

Les faits ? Le 24 mars 2009, Vivaqua organisait en ses locaux une rencontre avec la presse destinée à valoriser la qualité de l’eau potable qu’elle distribue. Le message, par brochure interposée : en ces temps de crise économique, boire l’eau du robinet devient plus qu’une évidence. Entre autres arguments brandis : outre qu’il s’agit d’un geste naturel et bon pour la santé, l’eau de distribution est le produit le plus contrôlé de toute la chaîne alimentaire, elle est 200 fois moins chère que les eaux embouteillées et bien plus écologique puisque faisant l’économie et de l’embouteillage et du transport…

Ce dernier argument a eu le don d’irriter Marc du Bois. Pour le patron de Spadel, il y avait, dans cette démarche commerciale de Vivaqua, une attaque directe à peine déguisée. “Si telle est l’attitude des compagnies distributrices d’eau, nous n’hésiterons pas à réagir et à faire valoir nos propres arguments !”, clamait-il voici un an déjà lorsqu’il était président en exercice de la Fédération de l’industrie des eaux et des boissons rafraîchissantes, la FIEB.

On apprend aujourd’hui qu’une action en justice a été introduite à l’encontre de Vivaqua, initiée par… la secrétaire générale de la FIEB, Nadia Lapage. Les motifs invoqués ? Des pratiques de commerce déloyales (concurrence) et des infractions au règlement “allégations santé”. Jugement a même été rendu par le tribunal de commerce de Bruxelles, le 17 mars dernier.

En ce qui concerne une éventuelle concurrence déloyale, la juge Leus déboute le plaignant et constate que la brochure incriminée correspond à la mission de service public de Vivaqua. En matière d'”allégations santé”, la juge rejette la plupart des critiques formulées tout en interdisant dorénavant à Vivaqua d’en fourbir trois. “Non qu’elles ne soient pas fondées, mais Vivaqua ne remplit pas les contraintes légales pour les avancer”, stipule le jugement.

Philippe Coulée

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