Et le château de Gevrey-Chambertin devint chinois

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8 millions d’euros : c’est la somme record payée par un homme d’affaires chinois pour acquérir le château de Gevrey-Chambertin, l’un des plus prestigieux vignobles de Bourgogne et vin préféré de Napoléon. Cette vente spectaculaire provoque l’énervement des vignerons, qui regrettent l’intrusion de ces nouveaux investisseurs dans leur pré carré.

Napoléon en avait fait son vin préféré. L’un des plus prestigieux vignobles de Bourgogne vient de passer sous pavillon chinois. Le château de Gevrey-Chambertin (Côte-d’Or) et son domaine viticole ont été rachetés au printemps dernier pour la somme record de 8 millions d’euros par un investisseur dont le nom n’a pas été dévoilé, mais qui serait propriétaire de salles de jeux à Macao.

Malgré la forte mobilisation des vignerons bourgignons pour bloquer le projet, les sept membres de la famille française propriétaire de ce château exceptionnel classé datant du XIIe siècle, et de ses deux hectares de vignes, ont préféré le projet de l’investisseur chinois.

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Forte mobilisation des vignerons

Et pour cause, selon Jean-Michel Guillon, président du syndicat des vignerons de Gevrey-Chambertin, ce bien était estimé par plusieurs professionnels à 3,5 millions d’euros au départ. “On a été au courant de la vente un an avant. L’association des vignerons que je représente, et de nombreuses personnes, dont des amoureux des pierres, avions monté un projet pour racheter le château et le mettre à disposition des habitants et y installer un office du tourisme et une salle de réception”, a-t-il relaté.

Les viticulteurs avaient ainsi fait une proposition à 4 millions d’euros qui leur a été refusée, puis à 5 millions d’euros: “Les propriétaires en voulaient 7 millions et ils l’ont vendu à 8”, a déploré ce viticulteur qui redoute désormais “une déferlante d’investisseurs étrangers en Bourgogne”.

L’un des plus fameux vins de Bourgogne

Gevrey-Chambertin est l’un des plus fameux vins de Bourgogne, mais aussi la plus célèbre appellation sur 550 hectares en Côte de Nuits. Le château produisait à 10 à 12.000 bouteilles par an, selon le viticulteur. “On commence à se dire que notre patrimoine fout le camp, car ce n’est pas le seul rachat dans le coin”, selon Jean-Michel Guillon, citant “le rachat à peu près au même moment du domaine Maume de 5 hectares à Gevrey par un canadien”.

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En dépit de la crise, les transactions de domaines viticoles français se multiplient: les surfaces cédées ont doublé en vingt ans et le prix moyen par hectare a été multiplié par trois, selon une étude dévoilée en juin par le réseau Vinéa, spécialiste sur ce marché. Les Français restent les principaux investisseurs (60%) mais le marché voit émerger une nouvelle génération d’hommes d’affaires, en provenance de Chine notamment, qui misent sur le vignoble français et surtout le Bordelais.

Trends.be avec l’Expansion

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