Espionnage des salariés: Ikea reconnaît les faits

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Après une enquête interne, Ikea France reconnaît les faits qu’on lui reproche. Pour restaurer la confiance de ses salariés et de ses clients, une charte éthique va être mise en place.

Ikea France a fait son mea culpa en regrettant des pratiques “intolérables” en son sein après des révélations de presse sur la surveillance de clients et collaborateurs, et annoncé une réforme de sa gouvernance pour restaurer une confiance entachée par cette affaire.

“Nous avons fait le constat qu’il y a eu des pratiques chez Ikea France qui ne sont pas à la hauteur ni de nos valeurs, ni de nos standards éthiques”, a déclaré le directeur général d’Ikea France, Stefan Vanoverbeke, dans un entretien à l’AFP. Il s’agit de “pratiques dans le champ de la recherche de renseignements sur la vie privée”, a-t-il précisé. Elles ont été mises en évidence par une enquête interne lancée par la filiale française du géant suédois de l’ameublement, après des révélations du Canard Enchaîné fin février sur des pratiques de “flicage” de son personnel et de clients.

“Ces pratiques sont intolérables, inacceptables et je les regrette sincèrement”, a insisté le directeur général sans plus de détails en raison des investigations judiciaires en cours sur ces faits. “Ma priorité, ce sont les collaborateurs” de l’entreprise, a-t-il ajouté en indiquant vouloir “restaurer” leur confiance, celle des clients et des responsables syndicaux. Ikea France est sous le coup d’une enquête préliminaire du parquet de Versailles pour “utilisation frauduleuse de données personnelles”, confiée à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Elle a été ouverte après une plainte contre X déposée par le syndicat Force ouvrière (FO).

Dans le cadre de cette enquête, le siège d’Ikea France à Plaisir (Yvelines) a été perquisitionné mi-mars, de même que le domicile du responsable du département gestion du risque du groupe mis en cause dans cette affaire. Le groupe a de son côté décidé de mettre en disponibilité ce dernier ainsi que deux autres cadres mis en cause, parmi lesquelles figurent Jean-Louis Baillot, directeur général d’Ikea France de 1996 à fin 2009. A ce titre, Stefan Vanoverbeke a annoncé qu’une “décision” sera prise concernant les personnes impliquées ou mises en disponibilité. Il n’a pas souhaité évoquer de nouveaux éléments rapportés par le site d’information Mediapart mercredi, selon lequel un magasin Ikea de la banlieue parisienne “arrosait” de “bons cadeaux” des policiers locaux, auprès desquels un de ses responsables récupérait des informations sur des employés. Stefan Vanoverbeke a en revanche annoncé le lancement d’un vaste chantier réformant le mode de gouvernance d’Ikea France destiné à redorer une image écornée par cette affaire.

Ce plan se décline en quatre points sur lesquels un groupe de travail doit se pencher au cours des trois mois à venir, comprenant notamment la “mise en oeuvre d’une charte éthique” destinée à “clarifier le comportement attendu” des collaborateurs d’Ikea, a précisé l’entreprise dans un communiqué. Il prévoit également une “révision du modèle de gouvernance pour plus de clarté” ainsi que des procédures de recrutement qui devront être “en accord avec les valeurs d’Ikea” et “transparents vis-à-vis des candidats”.

La maison mère d’Ikea, qui a lancé un travail sur le renouvellement de sa charte, a accepté de faire de la France un pays pilote pour cette charte, a souligné Stefan Vanoverbeke. Selon lui, ces mesures s’imposent d’autant plus que le groupe a plus que doublé en taille depuis 2005 en France, passant de 14 à 29 magasins et de 5 à 10.000 collaborateurs, sans vraiment changer son mode de fonctionnement. Ikea France tient vendredi un comité central d’entreprise, à l’occasion duquel sera abordé avec les organisations syndicales la mise en application de ce plan dans le but de les y associer, a indiqué le directeur général.

Avec L’Expansion.com

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