Eolien: Le nord industriel de l’Angleterre porté par le vent et par son exploitation par Siemens-Gamesa
C’est la plus grande usine de pales d’éoliennes du pays, et elle tourne à plein régime : à Hull, dans le nord industriel de l’Angleterre, le fabricant hispano-allemand Siemens-Gamesa est en pleins travaux d’agrandissement pour répondre à la demande qui explose.
La ville portuaire, posée sur l’estuaire maritime Humber, était autrefois connue pour sa florissante industrie de la pêche. Elle se réinvente aujourd’hui un destin dans les énergies renouvelables, dopée par l’objectif du pays d’éliminer les émissions de carbone d’ici 2050.
Dans l’atelier, Carl Jackson, 56 ans, applique le revêtement externe et la peinture sur les pales d’éoliennes. “Nous faisons notre part pour fournir de l’énergie plus propre et moins chère à tout le monde”, dit-il à l’AFP.
“L’énergie éolienne occupera une place importante à l’avenir” et pour la ville de Hull, elle a déjà “donné un énorme coup de pouce aux emplois et à l’économie”, ajoute ce peintre industriel qui a rejoint l’entreprise lorsqu’elle a ouvert il y a six ans.
L’éolien a le vent en poupe au Royaume-Uni, qui cherche à se défaire d’une dépendance au gaz qui fait flamber les factures énergétiques et force Londres à aligner cet hiver des milliards de livres d’aides aux plus modestes.
Ainsi depuis 2016, quelque 1.500 pales sont sorties des chaines de production, des géantes de 81 mètres de long, soit à peu près autant que l’envergure des ailes d’un Airbus A380.
Un quart d’éolien
Le groupe Siemens-Gamesa doit ouvrir en mars une usine dans la ville française du Havre. Et s’il s’agrandit à Hull, c’est pour y construire des pales encore plus grandes, longues de 100 mètres : une seule rotation pourra alimenter en électricité une maison de taille moyenne jusqu’à deux jours.
Dans l’usine, qui emploie un millier de personnes, les ouvriers s’affairent à fixer du bois de balsa, de la fibre de verre et de la résine dans d’immenses moules, qui donneront bientôt naissance à des pales prêtes à affronter les vents violents de la mer du Nord.
Un quart de l’électricité britannique est déjà produite grâce à l’énergie éolienne, davantage que la moyenne européenne (16%) et bien plus qu’en France (9%), selon des chiffres du lobby européen WindEurope, datant de 2020.
La part de l’éolien “va continuer à croître”, affirme le directeur de l’usine, Andy Sykes, alors que le Royaume-Uni doit selon lui réduire ses émissions de carbone tout en diminuant sa dépendance aux importations d’énergie.
De fait, le Premier ministre Boris Johnson, qui a accueilli en novembre en Écosse la COP26, le sommet mondial pour le climat, affirme vouloir faire de son pays “l’Arabie Saoudite du vent”.
Et en janvier, les autorités écossaises avaient accordé des concessions à 17 projets éoliens en mer portés par de grands noms de l’énergie, qui viendront démultiplier les capacités de production du Royaume-Uni.
Emissions industrielles
Mais Hull ne s’arrête pas aux éoliennes. La ville multiplie les projets dans les énergies renouvelables : biocarburants, hydrogène vert, capture de carbone mais aussi énergies solaire et marémotrice.
Si la collectivité est soucieuse de réduire les émissions de carbone, c’est que la région de l’estuaire Humber est responsable de 40% des émissions industrielles de Grande Bretagne, en particulier dues aux secteurs du ciment, du gaz, du pétrole, de la pétrochimie et de la sidérurgie.
“La décarbonation de la région de Hull est indispensable” si le Royaume-Uni veut atteindre la neutralité carbone, résume à l’AFP Martin Budd, responsable du climat au Conseil municipal de la ville. L’usine de pales d’éoliennes “est un facteur clé pour y parvenir”.
Hull est en outre “la deuxième ville la plus vulnérables aux crues après Londres”, rappelle M. Budd. “La survie de cette ville dépend” de son engagement contre le changement climatique, insiste-t-il.
Le Royaume-Uni veut produire un tiers de son électricité grâce à l’énergie éolienne d’ici 2030.
Mais la question du stockage est cruciale, avertit Nick Cowern, professeur émérite de physique à l’Université de Newcastle, les énergies éolienne ou solaire étant dépendantes de la météo.
“Tant que nous n’aurons pas la possibilité de stocker de l’énergie sous forme d’hydrogène – ou d’alternatives comme l’ammoniac – et que nous ne serons pas mieux connectés au réseau électrique de nos voisins européens (…) le gaz sera encore nécessaire”, selon lui.
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