EMI reste-t-elle intéressante pour Universal Music?

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Nouvelle concentration dans la musique : Universal Music vient de mettre le grapin sur sa concurrente EMI pour 1,4 milliard d’euros, réduisant à trois le nombre de “majors” actives. Universal doit néanmoins se séparer de quelques gros morceaux d’EMI. De quoi ternir la reprise ?

David Guetta, Coldplay, Tina Turner, et David Bowie ne chanteront pas pour Universal Music. La Commission européenne a certes autorisé en fin de semaine passée le rachat de la firme de disques EMI par Universal Music à Citigroup, un deal à 1,4 milliard d’euros. Mais, soucieuse de préserver la concurrence dans l’industrie musicale, elle a subordonné cette reprise à la vente d’un nombre important de labels et de filiales locales. Ainsi, Universal ne gardera pas dans son groupe les entités suivantes (entre autres) : EMI France qui détient notamment le catalogue du DJ David Guetta, EMI Spain ou encore EMI Belgique (Ozark Henry, Clouseau, etc.). Toute la partie musique classique d’EMI devra également être vendue, de même que Mute Records, le label de Depêche Mode, Moby ou Nick Cave. Pire, Universal devra aussi se séparer d’EMI Recording Limited, une entité dans laquelle on retrouve le prestigieux label Parlophone avec lequel ont signé des stars comme Pink Floyd, Coldplay, Lily Allen, Tina Turner, Cliff Richards, Blur, David Bowie ou Duran Duran.

Pour définir les détails de ce délestage estimé à plus de 450 millions de dollars de chiffre d’affaires annuel, la Commission a examiné la position qu’aurait Universal sur le marché de la musique en ayant repris EMI. Elle s’est essentiellement focalisée sur le marché de la musique numérique qui “devrait très probablement devancer les ventes de musique sur support physique dans un avenir proche”. Car Universal est déjà le leader du marché avec plus de 30 % de part de marché de la musique mondiale d’après certaines estimations. En avalant EMI, la filiale de Vivendi cimente totalement sa position de n°1 devant Sony et Warner. Mais surtout, elle réduit à trois le nombre de majors sur le marché, effrayant au passage les associations de labels indépendants qui jugent le délestage insuffisant.

Reste qu’en n’autorisant le rachat que d’une version allégée d’EMI (environ 40 % de son chiffre d’affaires), certains peuvent s’interroger sur l’intérêt du deal : Universal sort-elle aussi gagnante que prévu ?

Certains noms d’artistes à succès dont Universal devra se défaire ne vaudraient pas tant que cela si l’on se penche plus en détails sur les contrats d’artistes. Celui liant Pink Floyd à EMI, par exemple, expire en 2015 date à laquelle le groupe devra retrouver une autre maison de disques. Qu’Universal passe, aujourd’hui, à côté, ne l’empêcherait donc pas d’encore les signer dans le futur…

Mais surtout, la maison de disques est parvenue à bien man£uvrer pour conserver quelques “mines d’or” d’EMI dont l’exploitation commerciale d’artistes tels que Robbie Williams et les Beatles, pourtant signés sur des labels dont le groupe devra se défaire. Les intégrer dans son écurie permet à Universal Music de sortir albums, compilations et des rééditions de ces artistes considérés comme les vaches à lait d’EMI. Aujourd’hui, Universal possède donc l’une des plus belles listes d’artistes et de poids lourds de la musique (même s’il existe quelques disparités locales) : les Rolling Stones, les Beatles, Queen, U2, Robbie Williams, Abba, les artistes de la Motown (Lionel Richie, Jackson 5, Diana Ross, etc.) ou encore les Sex Pistols. De quoi rester n°1 pour encore quelques années dans un secteur bousculé.

CHRISTOPHE CHARLOT

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