Christophe Wuyts

E-commerce: “Pour attirer de grands acteurs, nous devons modifier radicalement notre stratégie”

Christophe Wuyts Responsable de l’Industrial Agency du groupe Hugo Ceusters-SCMS

Même s’il vient de passer à côté d’un gigantesque centre de distribution, celui de Zalando cette fois, notre pays dispose de tous les atouts pour devenir un acteur majeur dans le secteur de la distribution, estime Christophe Wuyts, responsable de l’Industrial Agency du groupe Hugo Ceusters-SCMS.

À l’heure où les médias relatent la décision de Zalando, le géant allemand de l’e-commerce, d’implanter son nouvel entrepôt aux Pays-Bas, la déception est de mise dans notre pays.

Mais, soyons honnêtes, ce choix n’a rien d’étonnant. Force est de constater malheureusement que de grands acteurs de l’e-commerce, comme Bol.com et Coolblue, établissent leurs centres de distribution juste de l’autre côté de la frontière et approvisionnent ensuite le marché belge. Autre exemple récent : Amazon, qui compte construire un nouvel entrepôt à Mönchengladbach, en Allemagne, non loin de la frontière belge.

Selon la fédération du commerce et des services, Comeos, cette tendance représente plus de 35.000 emplois perdus pour la Belgique au cours de ces dernières années. Le coût élevé de la main-d’oeuvre et les règles strictes sur le marché du travail belge nous mettent des bâtons dans les roues. Les réglementations néerlandaises et allemandes sont beaucoup plus souples.

Un pas dans la bonne direction

Les mesures introduites par l’accord de l’été dernier sont un pas dans la bonne direction, mais elles arrivent trop tard. Par conséquent, nous aurons encore plus de difficultés à rattraper notre retard. En effet, si des entreprises comme Zalando décident de s’agrandir, elles le feront tout d’abord aux Pays-Bas, au lieu d’ouvrir un centre ailleurs.

Même si nous leur offrons des plans et des permis de construire en règle, ces entreprises ont vite fait leurs calculs compte tenu des coûts salariaux plus favorables et des conditions de travail plus flexibles de nos voisins.

Si nous voulons attirer de grands acteurs de l’e-commerce, nous devons modifier radicalement notre stratégie

Entre-temps, le train de l’e-commerce prend de la vitesse. La croissance des webshops et du recours à l’e-commerce est plus forte chez nous qu’aux Pays-Bas. Il est urgent que nous trouvions place dans le tiroir du haut des géants du commerce électronique. Nous avons du potentiel, c’est évident.

Celui qui connaît le secteur de la logistique sait pertinemment que notre pays occupe une position centrale pour la distribution des marchandises en Europe de l’Ouest. Les ports d’Anvers, de Gand et de Zeebruges, ainsi que les aéroports de Zaventem, de Liège et d’Ostende, comptent parmi les principaux moteurs économiques de la région et permettent de desservir tout le territoire belge. Par ailleurs, notre réseau de voies ferrées et navigables est également bien développé, mais nous ne parvenons pas à le “vendre”.

En tant qu’expert en logistique, je constate chaque jour que les Pays-Bas et l’Allemagne adoptent une approche rationnelle, efficace et homogène envers leurs clients, alors que la concurrence intestine à laquelle se livrent la Flandre, la Wallonie et Bruxelles nous joue trop souvent des tours. Si nous voulons attirer de grands acteurs, nous devons modifier radicalement notre stratégie.

Tous les atouts en main

Conjuguons donc nos forces, d’une part, pour attirer ces entreprises et créons un climat plus favorable aux activités logistiques du commerce électronique.

D’autre part, j’appelle le gouvernement fédéral à prendre enfin des mesures pour réduire les charges salariales, et améliorer la législation sur le travail de nuit et l’emploi dans le secteur de la logistique afin que la Belgique puisse occuper, à terme, la position dominante qu’elle mérite.

Traduction : virginie·dupont·sprl

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