Dumping social: le secteur de la construction déçu par le gouvernement fédéral

© BELGA/Thierry Roge

Les représentants de la Confédération Nationale de la Construction (CNC) et la Chambre de la Construction de Liège (CCL) ont fait le bilan de leurs actions “complémentaires” menées depuis un an contre le dumping social dans le secteur de la construction, lors d’un point presse organisé mercredi à Liège. Pour les deux organisations professionnelles, le gouvernement fédéral refuse d’entendre leurs arguments et leurs propositions.

Après avoir rappelé que 20.000 emplois avaient été perdus dans le secteur de la construction en Belgique depuis 2012 à cause de la concurrence déloyale, la CNC et la CCL ont de nouveau tiré la sonnette d’alarme mercredi mettant en cause l’action du gouvernement fédéral. “En octobre dernier, ce fut une énorme déception suite à l’annonce du Premier ministre, Charles Michel”, explique Robert de Muelenaere, administrateur délégué de la CNC.

“Bien que le gouvernement ait reconnu notre combat en dégageant une enveloppe budgétaire de 600 millions d’euros par an afin de réduire le coût salarial des entreprises belges et permettre d’améliorer leur compétitivité, il a reporté la mise en oeuvre de cet accord à 2019. Ce délai sera un réel problème pour l’emploi dans notre secteur avec des milliers de C4 supplémentaires.” Pour la CCL, un autre élément devrait rendre la situation plus grave encore. “Avec l’allongement de la durée des préavis dans la construction qui va intervenir le 1er janvier 2018, licencier coûtera alors encore plus cher aux patrons”, souligne Adrien Dawans, directeur de la Chambre de la Construction de Liège. “Dès lors, on s’attend à un bain de sang dans la construction en 2017.

” La CCL regrette qu’au niveau fédéral aucune mesure contre le dumping social n’a encore été transposée dans des textes législatifs. “Nous estimons que les choses ne vont pas assez vite”, déplore Adrien Dawans. “La seule satisfaction est l’avancée au niveau wallon avec notamment l’insertion de clauses anti-dumping standardisées dans les cahiers des charges du SPW (Service Public de Wallonie).” Un an après le lancement d’une plateforme citoyenne de lutte contre le dumping social, ainsi qu’un site de soutien et une pétition en ligne, la CCL se réjouit d’avoir pu compter sur 43.000 soutiens de citoyens.

Toutefois, constatant qu’en une année de lutte “rien n’a changé au niveau de la politique fédérale”, Andrien Dawans a annoncé la fin du combat pour cette plateforme, qui restera tout de même ouverte et accessible mais “passera d’un rôle de combat à une mission de veille”. Du côté de la CNC, la volonté est de poursuivre la lutte en Belgique, même si la problématique du dumping social est européenne. “Les états membres ont des outils pour lutter contre ce phénomène et ils doivent prendre des dispositions”, constate Robert de Muelenaere. “Comme nous avons toujours le mandat de demander des actions concrètes à nos dirigeants, nous poursuivrons ce combat. Il faut agir avant 2019 et il n’est pas envisageable qu’on ne nous donne pas raison.”

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