Didier Bellens est décédé

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Didier Bellens, ancien administrateur délégué notamment du groupe de télécoms Belgacom et de RTL Group, est décédé dimanche des suites d’une longue maladie à l’âge de 60 ans.

Didier Bellens est décédé dimanche des suites d’une longue maladie à l’âge de 60 ans. Son passage à la tête de Belgacom s’était terminé sur une fausse note après plusieurs polémiques et quelques saillies verbales à l’encontre des responsables politiques.

Didier Bellens a dirigé Belgacom, désormais Proximus, de février 2003 à novembre 2013, succédant à John Goossens, décédé quelques mois auparavant.

Sa période à la tête de l’entreprise publique a été couronnée de plusieurs succès. Cet homme de télévision a notamment été à l’origine de Belgacom TV, une offre télévisuelle lancée à l’aide de l’achat des droits du championnat de Belgique de football. L’offre télévisuelle innovante de l’opérateur télécom avait été accueillie avec scepticisme par d’aucuns mais force est de constater que 10 ans plus tard, Proximus TV compte 1,7 million de clients et pèse 35% de parts de marché en Belgique.

C’est aussi durant son passage que l’ancienne RTT a été introduite, avec succès, à la Bourse de Bruxelles.

Mais sa carrière chez Belgacom n’a pas été de tout repos et s’est même terminée en eau de boudin, chahutée par plusieurs polémiques touchant par exemple à son salaire qui dépassait allègrement les deux millions d’euros.

M. Bellens avait ainsi provoqué un tollé après avoir déclaré, lors d’un débat organisé au B19 Business Club, que le Premier ministre, alors Elio Di Rupo, “s’intéresse aux dividendes de Belgacom comme un petit enfant qui vient chercher sa Saint-Nicolas”. Plus généralement, il avait critiqué les incohérences de l’Etat, son principal actionnaire. La goutte d’eau qui avait fait déborder un vase déjà bien rempli. Sa situation était devenue intenable et le gouvernement fédéral avait finalement décidé, le 15 novembre 2013, de sa révocation pour manquements graves à ses devoirs.

L’homme n’avait pas davantage hésité à s’en prendre vertement aux décideurs politiques de Bruxelles, leur reprochant l’absence de 4G dans la capitale de l’Europe.

D’autres dossiers ont écorné l’image du CEO. Comme les soupçons de conflit d’intérêts dans le cadre de la vente par Belgacom d’un bâtiment, dans le centre de Bruxelles, à la société Immobel, dont il était l’un des administrateurs. M. Bellens s’était défendu de tout conflit d’intérêts, la vente n’ayant pas été réalisée. L’homme, qui avait été mis hors de cause par un audit interne, avait néanmoins souffert moralement de cet épisode.

Son nom avait également été cité dans un dossier judiciaire. En compagnie d’un autre ancien dirigeant de Belgacom, Pierre-Eric Evrard, il avait été poursuivi à Mons pour des faits de corruption supposés et trafic d’influence. Il leur était reproché d’avoir vendu un immeuble appartenant à Belgacom en deçà des prix pratiqués sur le marché, à Edmée De Groeve, une proche du président du parti socialiste Elio Di Rupo, “en vue de s’attirer la bienveillance et les bonnes grâces du PS”. Un arrêt de la chambre des mises en accusation de Mons avait, en octobre 2015, prononcé un non-lieu en faveur des deux hommes mais cet arrêt a depuis été cassé par la Cour de cassation.

Une autre polémique avait éclaté en 2011 lorsque Didier Bellens avait nommé son assistante, Concetta Fagard, au poste de vice-présidente de Belgacom. Une plainte pour harcèlement sera déposée contre la nouvelle vice-présidente. Elle sera remerciée, mais Didier Bellens la réintégrera. Mais Mme Fagard avait finalement été poussée vers la sortie.

Né en 1955 et diplômé de l’Ecole de commerce Solvay (ULB), Didier Bellens a débuté sa carrière en 1978 au bureau d’audit Deloitte&Touche. Managing Director auprès du groupe financier Bruxelles Lambert (GBL), il entre en 1985 dans le holding suisse Pargesa, une entreprise appartenant à Albert Frère et à son partenaire canadien Paul Desmarais.

Après un retour en 1992 au Groupe Bruxelles Lambert (GBL), il atterrit dans l’univers des médias en devenant co-président du comité exécutif de CLT-UFA et président du conseil d’administration de Audiofina.

Il a occupé la fonction d’administrateur délégué de RTL Group entre 2000 et 2003.

Père de deux enfants, Didier Bellens est décédé ce dimanche des suites d’une longue maladie.

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