Dérives de la Call TV : le législateur se trompe-t-il de cible ?

Carl Devlies, secrétaire d’Etat à la Coordination de la lutte contre la fraude, annonce un nouvel arrêté royal avec, à la clé, des règles plus sévères concernant les fameuses émissions de “call TV”. Est-ce suffisant ? Et surtout, est-ce la meilleure manière de régler les problèmes du secteur ? Non, estime le Crioc.

Nouvel épisode dans la saga “call TV“. Après lecture d’un rapport d’évaluation de la Commission de jeux de hasard – qui, selon le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs, “dénonçait la trop grande marge d’interprétation laissée aux organisateurs de ces jeux poubelle dans l’arrêté royal censé réglementer les jeux télévisés” – Carl Devlies, secrétaire d’Etat à la Coordination de la lutte contre la fraude, annonce un durcissement de l’encadrement de cette activité.

Mi-mars déjà, le Crioc publiait une étude argumentée sur la call TV (aussi appelée “télé tirelire”) intitulée Appel gagnant ? Ou perdant ! Référence à l’émission de la chaîne AB4. Ses conclusions furent “sans appel : informations fausses données aux téléspectateurs, allégations mensongères sur les chances de gagner, indications induisant le téléspectateur en erreur, etc. Ces constats s’appuient sur des exemples concrets d’émission dont la solution est soit impossible à trouver soit impossible à contrôler ou encore pire, fantaisiste.”

Le nouvel arrêté royal, présenté par Carl Devlies, paraît donc prometteur en ce qu’il vise à supprimer les imprécisions et lacunes de la réglementation actuelle. Parmi les nouvelles mesures, précise le Crioc, “les organisateurs de jeux télévisés devront faire en sorte que leurs énoncés et les solutions soient plus clairs (avec éventuellement une interdiction des devinettes basées sur des calculs) ; les huissiers de justice ou notaires seront chargés de contrôler le contenu des énoncés et des solutions ; le système des tours de jackpot devra être annoncé au préalable.”

“Call TV” : le problème est plutôt l’irrespect de la réglementation que l’imprécision de celle-ci, selon le Crioc

Problème : le secrétaire d’Etat passe complètement à côté du vrai problème identifié par le Crioc : l’irrespect total de la réglementation actuelle par les éditeurs, et non l’imprécision de cette dernière… “Pire, non seulement l’arrêté royal existant est totalement ignoré, mais c’est une véritable arnaque que nous avons dénoncée, résume le Centre sur son site Internet. Non pas dans l’optique que les pouvoirs publics fassent une énième réglementation mais bien dans l’optique que ceux-ci mettent fin à cette arnaque ou, du moins, puissent prendre des sanctions efficaces et dissuasives.”

Bref, il conviendrait davantage de “faire appliquer la législation existante, qui, nous semble-t-il, interdit de manière claire toute pratique déloyale et trompeuse envers le consommateur”. Et le Crioc de conclure par un exemple éclairant : “Dans l’émission L’Appel gagnant d’AB4 en date du 14 mars, le jeu proposé consistait à trouver des choses qui se trouvaient dans ma cuisine. Après quelque temps, l’énoncé a été changé en cours de route pour devenir : qu’est-ce qui se trouve dans le frigo ? Voici l’une des réponses : de l’insuline. Le Crioc n’appelle pas cela une interprétation légère de la règlementation mais bien un mépris total de celle-ci, doublé d’un mépris total du téléspectateur.”

Trends.be

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