DeeCide, nouveau site de rencontre entre les assureurs et les clients

Antoine De Beys et Gilles Meignin, cofondateurs de DeeCide " Quarante-cinq pour cent de nos clients viennent d'un assureur direct. On assiste donc à un transfert du digital ou du direct vers le courtage. " © PG

Le digital n’a pas encore vraiment révolutionné les assurances. Peu de compagnies, hormis les directes, proposent une souscription complète en ligne et les comparateurs ne s’intéressent qu’aux prix. Peu de clients pensent à vérifier régulièrement leurs contrats pour voir s’ils correspondent toujours à leurs besoins. DeeCide ambitionne de permettre en ligne aux assurés d’opérer le meilleur choix.

Nous sommes de plus en plus nombreux à surfer le Net à la recherche d’informations sur les assurances. Mais à part les directes, peu de compagnies offrent la possibilité de réaliser une souscription complète en ligne. L’autre caractéristique frappante du marché belge de l’assurance est sa stabilité. Peu de clients passent d’une compagnie à l’autre. Et en l’absence de sinistres, peu aussi pensent à faire vérifier ou adapter leurs contrats.

Face à ces différents constats, Antoine De Beys, Gilles Meignin et Douglas Geddes ont décidé de créer une plateforme qui, à l’instar des sites de rencontre, met en contact assureurs et assurés. DeeCide n’est donc pas un intermédiaire d’assurances. ” L’idée vient d’Antoine, explique Gilles Meignin, 20 ans d’expérience dans la valorisation des données et dans l’amélioration des process. Nous nous sommes connus lors de nos études en mathématiques à l’ULB. A la fin de l’été 2016, nous avons décidé de sauter le pas, d’abandonner une certaine sécurité salariale pour nous lancer dans l’entrepreneuriat. A la base de son idée, un simple constat étayé par une large enquête sur les clients : au-delà d’une mauvaise expérience ou d’un sinistre mal résolu, une partie substantielle de la population n’a pas envie de changer d’assureur. Mais dans le même temps, elle ne reçoit aucune nouvelle de son courtier, hormis les factures. Les démarches proactives sont rares : quel assuré reçoit des conseils fréquents de son intermédiaire ou de sa compagnie ? Ou des infos sur un nouveau produit ou une promotion temporaire ? Par extension, le contrat dont dispose l’assuré est-il toujours le bon ? Correspond-il aux besoins ? Le prix est-il cohérent ? Nous avons voulu simplifier tout cela pour l’assuré comme pour l’intermédiaire. ”

Le bon client qui dort

En Belgique, contrairement aux pays anglo-saxons par exemple, le digital n’a pas encore fait de véritable percée dans l’assurance. Et pour cause, le marché est très largement dominé par les courtiers. Rien d’anormal, en fin de compte, car pour beaucoup d’entre nous conclure un contrat, investir avec une assurance ou régler un sinistre est impensable sans contact humain. ” Notre but n’est absolument de court-circuiter les courtiers, confie Antoine De Beys qui a passé 17 ans chez Axa-Royale Belge et trois ans chez Foyer, le plus grand assureur du Luxembourg. Notre plateforme a pour vocation de mettre en rapport ceux qui peuvent vendre des assurances et les clients qui cherchent. Par rapport aux comparateurs, nous ne nous focalisons pas sur le prix qui ne donne pas forcément la meilleure solution. Nous ajoutons la notion de conseils et de dialogues pour faire un choix en toute connaissance de cause et avec le service qu’offrent les courtiers. En Belgique, seuls 15 % des assurés changent de compagnie ou de polices d’assurance chaque année. Elles se battent toutes pour ces 15 %. Les autres, ce sont les meilleurs clients. Des contrats qui dorment et des assurés qui paient leur prime et restent. Dans quelques jours débute le Salon de l’Auto, toutes les compagnies vont rivaliser d’avantages comme des mois gratuits, etc. Mais pourquoi le client qui dort n’a pas droit à cela de temps en temps lui aussi ? ”

Sur DeeCide, après avoir rempli son profil, le client va recevoir des offres en rapport avec sa demande et ses critères, dont la proximité avec le courtier. Ici pas d’immédiateté mais un délai raisonnable pour permettre aux courtiers de remettre une offre et au client de les examiner et de poser des questions. Une fois qu’il a sélectionné son offre favorite, elle est visible par les autres intermédiaires qui peuvent réagir et modifier leur proposition. Comme sur les sites de rencontre, le choix d’un intermédiaire ouvre une messagerie qui permet un échange direct. Il est aussi possible quand on soumet une demande de ne la réserver qu’à un seul intermédiaire.

” Nous avons choisi le principe du site de rencontre, poursuit Antoine De Beys, parce que les raisons de venir chez nous diffèrent d’un individu à l’autre. Suivant sa demande, nous ‘matchons’ le client avec les bons intermédiaires. Nous ne sommes pas un comparateur et nous ne donnons pas de réponse en 10 minutes. J’ai même envie de dire qu’on ne doit pas venir sur le site juste pour voir. Il faut avoir envie de changer ou de sonder le marché à cet effet. ” ” La révolution digitale est en marche, surenchérit Gilles Meignin. Le nombre de clients digitaux ne va faire qu’augmenter et, tôt ou tard, l’assurance fera ce que j’appelle sa homebankisation. DeeCide souhaite mettre le digital et l’humain en synergie. Nous sommes sur Internet mais ce sont des humains qui se parlent… Et nous avons les codes du digital comme les commentaires et les cotations des clients vis-à-vis des intermédiaires. Après tout, ce n’est pas tellement différent du bouche à oreille ou du copain qui vous dit d’aller chez tel courtier parce qu’il est efficace… ”

Après avoir rempli son profil, le client va recevoir des offres en rapport avec sa demande et ses critères. Ici pas d'immédiateté mais un délai raisonnable pour permettre aux courtiers de remettre une offre et au client de les examiner et de poser des questions.
Après avoir rempli son profil, le client va recevoir des offres en rapport avec sa demande et ses critères. Ici pas d’immédiateté mais un délai raisonnable pour permettre aux courtiers de remettre une offre et au client de les examiner et de poser des questions.© PG

Soutenus par la SRIW

Après avoir porté la SA sur les fonts baptismaux en avril, les trois fondateurs ont procédé, cet été, à une première augmentation de capital. Aujourd’hui, ils disposent de 55 % des actions, le reste est entre les mains de la SRIW et d’une trentaine d’actionnaires privés.

” Nous avons levé 400.000 euros dont 50.000 euros auprès de la SRIW, explique Gilles Meignin. Nous avons été voir W.IN.G (fonds wallon d’investissement pour les start-up numériques géré par la SRIW, Ndlr) en premier. Après avoir travaillé notre concept, nous devions le confronter à des experts. Nous avons rapidement eu leur accord et leurs commentaires étaient élogieux. Cela nous a permis d’aller pitcher chez des particuliers, des gens de notre premier cercle. Ils ont tous accepté ! Nous ne voulions pas définir un ticket minimum car avoir de nombreux actionnaires est une force car ils sont tous nos promoteurs. ”

DeeCide recense 75 assureurs (cinq agents et 70 courtiers) répartis en Wallonie et à Bruxelles. Le site a été lancé le 14 novembre. Il n’est disponible actuellement qu’en français et ne propose que des mises en contact pour des assurances auto et camionnette. D’ici la fin du premier trimestre, il sera étendu aux assurances moto et habitation. Après un mois d’existence, DeeCide comptait 700 utilisateurs enregistrés, 250 demandes complètes et une bonne dizaine de contrats conclus avec un intermédiaire.

Premiers retours positifs

” Nous ne souhaitons pas encore faire de la pub, confie Antoine De Beys. Un passage à l’émission de la RTBF On n’est pas des pigeons a attiré un nombre suffisamment important de clients pour que nous puissions analyser et affiner notre plateforme. Les premiers retours sont bons. Les clients apprécient la simplicité du site. Quatre-vingt pour cent de ceux qui sont allés au bout ont fait une économie de 200 euros. Mais tous ne choisissent pas la solution la moins chère proposée, loin s’en faut. Chaque demande a reçu entre deux et trois offres de courtiers. Cela marche donc. Pour les courtiers, nous offrons un canal d’acquisition nouveau. Quarante-cinq pour cent de nos clients viennent d’un assureur direct. On assiste donc à un transfert du digital ou du direct vers le courtage. ”

Aujourd’hui, des trois fondateurs, seuls Gilles et Antoine travaillent pour la start-up. Ils seront rejoints sous peu par un développeur afin d’augmenter leur offre. Car rémunéré à la commission par contrat signé, DeeCide s’expose au risque de voir le client s’adresser en direct à l’intermédiaire. Un risque assumé. ” Oui, car notre service est une vraie valeur ajoutée, conclut Gilles Meignin. Tout est stocké sur notre plateforme, du contrat jusqu’à l’ensemble des messages échangés. Y compris les offres non retenues. Le client reçoit son contrat en ligne et ne doit pas se déplacer. S’il modifie son profil, le courtier est averti. C’est intéressant pour ce dernier, en termes administratifs, que tout soit centralisé. Le client a déjà tout encodé sur notre plateforme. Nous allons essayer de rendre nos informations compatibles avec les logiciels des courtiers afin de leur permettre de ne faire que du travail à valeur ajoutée. DeeCide est un véritable espace client ouvert et non lié à des compagnies. Nous sommes de fervents partisans de l’architecture ouverte et nous pourrions servir de point central à bien des applications et services… ”

Par Xavier Beghin.

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