Coup dur pour Amazon et Flipkart
L’Inde a durci les règles de la vente en ligne en interdisant aux grandes plateformes opérant dans le pays de vendre des produits de sociétés dans lesquelles elles ont des participations, un coup dur pour des géants comme Amazon ou Flipkart.
Visant les entreprises d’e-commerce ayant des capitaux étrangers, soit les principaux leaders du secteur, la nouvelle mesure leur interdit aussi de nouer des accords d’exclusivité avec des vendeurs. Ces restrictions, annoncées à la surprise générale mercredi par le ministère indien du commerce et de l’industrie, entreront en vigueur au 1er février.
La loi indienne empêche déjà ces plateformes de stocker des produits pour les vendre directement au consommateur. Des sites comme Amazon ou Flipkart (un distributeur indien racheté au printemps par l’américain Walmart) ne sont autorisés qu’à servir d’intermédiaire entre le vendeur et le client.
Mais dans les faits, les plateformes pouvaient contourner le système en vendant à bas prix des produits achetés en gros via des sociétés dans lesquelles ont des participations ou avec lesquelles elles entretiennent une relation de proximité.
Cette décision du gouvernement nationaliste hindou devrait calmer la fronde des détaillants indiens, inquiets de la concurrence de ces mastodontes du web. Des dizaines de millions de personnes vivent de leur petit commerce en Inde, une population-clé pour les responsables politiques alors que les élections législatives se tiendront au printemps prochain.
La Confederation of All India Traders (CAIT) a salué cette nouvelle directive et estimé qu’elle mettra un terme à la guerre des prix entre les acteurs du e-commerce.
Selon les experts, ce durcissement aura un impact majeur sur le modèle commercial des plateformes de vente en ligne en Inde, marché prometteur où Amazon et Walmart ont investi des milliards de dollars.
“Amazon, Walmart et d’autres acteurs avec des investissements en Inde vont devoir repenser leurs stratégies commerciales”, a déclaré à l’AFP Satish Meena, analyste chez Forrester Research.
“Les consommateurs en feront les frais et les prix vont augmenter tandis que les options disponibles vont se réduire”, a-t-il ajouté.
Amazon et Flipkart n’ont pas fait de commentaire dans l’immédiat et ont indiqué examiner ces nouvelles règles.
Alternant entre ouverture et protectionnisme, le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi vise à long terme à faire émerger des champions économiques indiens dans différents secteurs.
Une population jeune aux nouveaux usages, une classe moyenne grandissante et surtout une pénétration toujours plus grande d’internet dans la société – particulièrement à travers la démocratisation des smartphones – font de l’Inde un potentiel eldorado pour les acteurs de la distribution en ligne.
Porté par une croissance soutenue, ce marché pesait l’année dernière 21 milliards de dollars, selon un rapport de Forrester, qui l’évalue à 73 milliards de dollars d’ici 2022.
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