Conforama: 1.900 suppressions de postes confirmées dans un climat tendu

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La direction du groupe d’ameublement Conforama a confirmé jeudi la suppression de 1.900 postes et la fermeture de 32 magasins en France, dans un climat houleux marqué par la suspension d’un comité central d’entreprise après l’intrusion de salariés en colère.

Près de 200 salariés, selon la CGT et FO, ont manifesté dans la matinée devant l’hôtel de Torcy, proche du siège de Conforama à Lognes (Seine-et-Marne), où était convoqué le CCE.

La réunion a été interrompue après une vingtaine de minutes lorsque des salariés sont entrés dans la salle et la direction a aussitôt quitté les lieux pour regagner le siège de Lognes, selon les syndicats.

“La réunion suspendue reprendra vendredi matin à 8H30 au siège de Lognes”, a indiqué dans l’après-midi à l’AFP la direction de Conforama.

Syndicats et direction se renvoient la responsabilité de la suspension. Selon Pascal Jacquemain, de la CFDT, “subitement, le service d’ordre a disparu et les portes ont été ouvertes, des salariés sont entrés et la direction s’est servie de ça pour quitter la salle” et “fuir la colère des salariés”.

Conforama, détenu par le groupe sud-africain Steinhoff, dénonce pour sa part des “violences et menaces verbales inacceptables” et “se réserve le droit de donner toutes les suites judiciaires à cette intrusion” selon un communiqué.

Selon la direction, “les forces de l’ordre sont intervenues pour procéder à l’évacuation des participants” et “des membres des équipes de sécurité de Conforama ont été frappés”.

“En réalité, une simple bousculade a eu lieu entre les vigiles de la direction et les salariés de Conforama”, assure la CGT, évoquant “une stratégie d’évitement du dialogue, que la direction n’ose pas assumer”. FO n’a “constaté aucune violence physique ou verbale” pendant cet “incident” causé par le “déclenchement d’une alarme incendie”.

Selon la direction, des débrayages ont touché 26 magasins sur 193 et 224 salariés étaient en grève.

Les documents présentés jeudi confirment les chiffres communiqués aux syndicats la semaine dernière: suppression de 1.900 postes sur 8.200, fermeture de 32 magasins Conforama et de 10 magasins de l’enseigne Maison Dépôt, la direction invoquant des pertes de près de 500 millions d’euros depuis 2013.

La liste des fermetures – dont Paris Etoile et Paris Pont-Neuf – ne comprend toutefois plus le magasin de Laon (Aisne), initialement évoqué, remplacé par celui d’Ormesson-sur-Marne (Val-de-Marne).

Les mesures sociales sont “minimales alors que beaucoup de salariés qui ont 25 ou 28 ans de maison vont se retrouver à la porte”, souligne Jacques Mossé-Biaggini, de FO.

Craintes d’un deuxième plan

La réunion intervenait dans un climat de défiance, après une première tentative avortée de CCE le 2 juillet, les syndicats ne s’étant pas présentés après un changement soudain de lieu la veille au soir.

Le limogeage du directeur général du groupe Frank Deshayes mardi a ajouté à l’inquiétude. La direction lui impute les pertes subies par Conforama tandis que les syndicats estiment qu’il avait commencé à redresser l’entreprise.

“Frank Deshayes avait su analyser la situation et avait entamé un plan de redressement”, selon Pascal Jacquemain.

“On a appris avec stupeur son limogeage mardi, alors que les résultats du premier semestre étaient bons sous son impulsion. Cela veut dire que l’entreprise est aux mains des créanciers”, renchérit Jacques Mossé-Biaggini de FO.

Il se dit “très pessimiste”: “Notre hypothèse est que la direction compte dépecer le groupe en réduisant la masse salariale pour vendre à la découpe”.

Une intersyndicale FO, CGT, CFDT et CGC a été reçue mardi à Bercy pour exprimer ses craintes d’une “deuxième vague de fermetures et de licenciements”.

La direction dément tout “plan caché”. Sur les 196 magasins Conforama en France (dont 3 franchisés), “76 ont été déclarés déficitaires à la suite d’une analyse financière. Des mesures d’optimisation ont été appliquées ensuite à ces 76 magasins mais il s’est avéré que malgré cela, 32 d’entre eux devaient être fermés”, a expliqué la direction, démentant “fermement que les 44 autres soient promis à la fermeture”.

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