Chine: comportement “très inhabituel” du Boeing avant le crash

Photo prétexte

Un décrochage à haute altitude suivi d’une chute brutale avant l’impact au sol: le Boeing 737 de la China Eastern a eu un comportement “très inhabituel” avant son crash lundi avec 132 personnes à bord, remarque un spécialiste de la sécurité aérienne.

Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA), souligne qu’il est “beaucoup trop tôt” pour tirer des conclusions, quelques heures seulement après la catastrophe qui a impliqué un type d’aéronef très répandu et jugé fiable, dans un pays où la sécurité aérienne est “excellente”.

Que vous inspirent les premières données disponibles de l’accident de la China Eastern?

“Sur le site Flightradar, on voit que l’avion, qui était en altitude de croisière (à près de 9.000 m d’altitude, NDLR), a brutalement piqué à environ 600 km/h vers le sol avant de s’écraser. C’est très inhabituel, un décrochage simple ne donnerait pas du tout ce genre de profil.

Imaginons qu’on décroche à haute altitude, à ce moment-là, le pilote pique un peu du nez pour reprendre de la vitesse, et tout doucement l’avion reprend son vol. Ce sont des manoeuvres qu’on apprend dans les premières heures des leçons de pilotage. Un décrochage à haute altitude, ça se rattrape très très bien. Là, c’est autre chose.

Cela peut être soit le pilote automatique qui aurait commandé une descente brusque de l’avion et qui n’aurait pas été rattrapée par l’équipage, ce qui paraît un peu surprenant compte-tenu de la durée de la chute, trois minutes, ça peut être aussi une action de l’équipage, mais on ne peut rien dire de plus.”

Quand en saura-t-on davantage?

“Les Chinois ont un bureau d’enquête très compétent, ils doivent être capables très rapidement de récupérer les enregistreurs de vol (données et voix, NDLR) qui ont normalement survécu à ce choc, et à partir de là, non seulement reconstituer précisément la trajectoire, mais aussi les paramètres de l’avion, les conversations des pilotes, toutes les actions qui ont pu être faites sur les commandes… Cela devrait être connu très rapidement.

Personnellement je n’ai jamais été confronté dans ma carrière à ce genre d’événement, il est beaucoup trop tôt pour en tirer des conclusions.”

L’appareil était a priori un 737-800 NG, la génération précédant celle du MAX un temps interdit de vol après deux accidents mortels. Ce modèle est-il jugé fiable? Et quid de la sécurité aérienne chinoise?

“Je n’ai jamais entendu parler de problème particulier sur ce modèle d’avion, c’est un dérivé du Boeing 737 très ancien mais sur lequel on a installé des moteurs modernes. L’avion n’a pas subi le même type d’évolution sur les commandes de vol que le MAX (à la source des deux accidents, NDLR).

Quant au niveau de sécurité de l’aviation civile chinoise, il est tout à fait excellent.”

China Eastern, deuxième compagnie chinoise

Le Boeing 737 qui s’est écrasé lundi dans le sud de la Chine appartient à l’une des principales compagnies aériennes du pays, China Eastern Airlines.

– Un poids lourd –

China Eastern Airlines est la deuxième compagnie aérienne chinoise en termes de passagers.

Malgré un trafic atone en Chine pour cause de Covid, la compagnie dit avoir transporté plus de 5 millions de personnes pour le seul mois de janvier, date des dernières données disponibles.

Basée à Shanghai, China Eastern propose aussi bien des vols intérieurs que des liaisons internationales, notamment avec Paris.

Boeing 737-800

Avant cet accident, la compagnie n’avait pas connu de précédents en Chine, un pays où la sécurité aérienne s’est notoirement améliorée durant la dernière décennie.

China Eastern dispose d’une flotte de 751 appareils, dont 289 appareils Boeing 737.

Le nombre de 737-800, le modèle incriminé, n’est pas connu.

Selon les médias chinois, China Eastern a décidé de tous les immobiliser, ce que la compagnie n’a pour l’heure pas confirmé.

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