Caterpillar : “un problème de compétitivité”

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Ancien patron de Caterpillar à Gosselies, Pierre Cuisinier s’attendait à une annonce d’un plan d’économie important. La concurrence des pays émergent est rude. Et l’écart qui se creuse avec les salaires allemands est un gros souci.

Pierre Cuisinier, qui a été administrateur délégué de Caterpillar de 2000 à 2006, répond à Trends.be sur le plan d’économie annoncé par la société à Gosselies. Qui prévoit la suppression de 1600 postes sur un total de plus de 4000.

Ce plan vous surprend-il ?

Pierre Cuisinier : Je m’attendais à une annonce, je la craignais. La conjoncture européenne est mauvaise, il y a eu d’importantes périodes de chômage. J’ai cru comprendre que l’usine avait perdu des marchés. La concurrence des pays émergents est forte. Et surtout la compétitivité vis-à-vis des pays comme la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni est en recul, ce qui est catastrophique.

Vous savez, pour des Américains, constater que la Belgique est plus chère, pour la production, que l’Allemagne, ça les effraye ! Pour eux, l’Allemagne est un pays cher, mais avec une production de qualité, sérieuse. Si nous sommes distancés, ça va devenir difficile. La situation doit être particulièrement lourde pour arriver à ce plan. Caterpillar, à ma connaissance, n’a jamais licencié quelqu’un pour raison économique à Gosselies en 50 ans. La société a toujours tout fait pour absorber les variations cycliques d’activité.

C’est la faute à l’indexation automatique des salaires ?
C’est la faute à un peu de tout. C’est un problème de compétitivité. C’est-à-dire de salaires, et aussi de flexibilité, de coût d’énergie, etc. Vous me direz que ce sont les revendications de la FEB, mais c’est un peu ça quand même. J’espère que les syndicats vont se rendre compte du souci. Cela fait longtemps qu’on a sonné l’alarme auprès des politiques et des dirigeants syndicaux, je leur ai souvent parlé de ce problème. Mais on n’a pas redressé la barre et le fossé s’est creusé.

Quel est l’avenir de Gosselies, après la restructuration ?
Face à la concurrence des pays émergents, on ne peut faire grand-chose. Mais il est important que Gosselies reste compétitif vis-à-vis des autres usines du groupe en Europe, qui sont installées notamment en Allemagne ou au Royaume-Uni. Quand il y a du travail pour toutes les usines, tout va bien pour tout le monde, mais quand il y en a moins, cela accentue les effets des écarts de compétitivité.

Pierre Cuisinier a été Manager de l’Année 2005 du magazine Trends Tendances.

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