Bpost tente de mettre ses fournisseurs sous pression

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Bpost a récemment envoyé par mail un courrier à “des centaines” de fournisseurs, leur proposant de lui “reverser 2% du montant facturé l’an dernier, via une note de crédit”, rapportent vendredi L’Echo et De Tijd.

Cette opération rétroactive, dans un souci de “réduire les coûts”, selon les explications de l’entreprise elle-même, a surpris certains fournisseurs. L’un d’entre eux, qui souhaite rester anonyme, a ainsi confié à l’Echo qu’il avait d’abord cru à un “fake mail”. Pour ce fournisseur, la pratique “ressemble à du chantage”, et il est “hors de question de verser le montant”, qui est précisé avec exactitude dans le courrier de chaque fournisseur.

L’envoi du courrier électronique est confirmé par bpost. “Nous avons en effet demandé une réduction”, explique le porte-parole Baudouin de Hepcée. “Mais ce n’est bien entendu pas obligatoire.” Si c’est une première chez bpost, de nombreuses grandes entreprises suivent cette pratique, assure-t-il. “Nous privilégions des relations durables et équilibrées avec nos fournisseurs et nous essayons d’aligner autant que possible les contrats sur les conditions commerciales courantes. C’est une situation win-win”, précise-t-il.

“Inadmissible” pour Peeters; “bonne gestion” pour De Croo

Le ministre de l’Economie, Kris Peeters, a écrit à bpost pour exprimer son “vif mécontentement” à la suite du courrier qu’elle a envoyé à ses fournisseurs.

“Cette pratique est inadmissible. Dans une relation commerciale normale, les réductions se négocient au moment de la clôture du contrat. En réclamant rétroactivement une réduction, bpost exerce une pression indue sur ses fournisseurs. Ceux-ci craignent que l’avenir de leur relation avec l’entreprise ne soit menacé. Il est inadmissible que bpost répercute l’augmentation de sa rentabilité sur ses fournisseurs”, a expliqué le ministre.

M. Peeters conteste également le fondement juridique de la démarche de bpost et insiste auprès de la société pour qu’elle retire sa demande.

Pour éviter que ce genre de démarche ne se reproduise, le ministre souhaite élaborer un cadre légal.

“Cet incident me conforte dans ma conviction qu’il est nécessaire de mettre en place un cadre légal renforcé pour lutter contre les abus et les pratiques illicites d’entreprises vis-à-vis d’autres entreprises”, a-t-il souligné.

Le ministre qui a la tutelle sur la Poste, Alexander De Croo, parle au contraire d’une “bonne et saine gestion”, la plupart des entreprises tentant de négocier les prix les plus bas avec leurs fournisseurs.

“Le contraire poserait question” même si on peut se demander si l’envoi d’un e-mail est la meilleure manière de procéder, a indiqué un porte-parole du ministre.

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