BP forcé à se vendre ? Les prédateurs se rapprochent

© Bloomberg

La facture de la marée noire dans le golfe du Mexique, et la dégringolade boursière qui s’ensuivit, pourraient forcer BP à se défaire de nombreux actifs. Voire à se vendre ? PetroChina, Apache et Exxon Mobil aiguiseraient déjà leurs crocs.

BP : PetroChina sur les rangs pour des coentreprises…

Le géant chinois PetroChina accueillerait favorablement un rapprochement avec le britannique BP, confronté aux conséquences de la marée noire dans le golfe du Mexique, a rapporté lundi le Financial Times, citant un responsable.

Mao Zefeng, responsable des relations avec les investisseurs chez PetroChina, a ainsi indiqué au quotidien que la première réaction du groupe chinois après la fuite de brut au large des Etats-Unis a été de voir comment “aider BP à régler rapidement le problème” : “Nous les avons contactés pour voir si nous pouvions les aider en matière d’ingénierie ou technique.”

Il n’a toutefois pas souhaité commenter une éventuelle aide financière : “Nous ne commentons pas des rumeurs de marché. Mais s’il existe une possibilité de travailler plus étroitement ensemble, nous l’accueillerions favorablement.”

PetroChina, coté à New York, Hong Kong et Shanghai, avait annoncé en mai vouloir investir 60 milliards de dollars à l’étranger dans les 10 ans. BP était entré au capital de PetroChina en 2000 avant de revendre ses actions (représentant 2 % du capital) quatre ans plus tard. Les deux groupes ont une coentreprise pour gérer des stations service dans la province du Guangdong.

Selon le Financial Times, PetroChina ne devrait pas vouloir racheter BP, qui a perdu la moitié de sa valeur en deux mois en raison de considérations politiques, mais pourrait être intéressé par des coentreprises.

… Apache pour le rachat de 12 milliards de dollars d’actifs de BP…

BP est par ailleurs en négociations exclusives avec son homologue américain Apache Corporation pour lui vendre jusqu’à 12 milliards de dollars d’actifs, dont sa part dans Prudhoe Bay (Alaska), le plus grand champ d’Amérique du Nord, assure dimanche le Sunday Times. Ces discussions entrent dans le cadre de la constitution par BP d’un fonds de réserve de 20 milliards de dollars (15,8 milliards d’euros), promis aux autorités américaines pour assurer le coût du nettoyage et des dédommagements liés à la marée noire qui sévit dans le golfe du Mexique.

Toujours selon le Sunday Times, BP souhaiterait vendre prochainement ses 60 % dans Pan American Energy, un producteur argentin, ainsi que d’autres actifs, notamment ses activités au Venezuela et en Colombie.

Apache, qui vaut 29 milliards de dollars en Bourse, a déjà conclu des rachats avec BP dans le passé, mais pas du niveau d’une éventuelle acquisition dans Prudhoe Bay, note le journal. Ce champ produit en effet 390.000 barils par jour, soit 15 % de la production de la mer du Nord.

… Et Exxon Mobil pour la totalité du géant britannique BP ?

Le Sunday Times affirme également que l’américain Exxon Mobil aurait reçu l’accord du gouvernement US pour étudier un rachat pur et simple de BP. Une information que n’a pas souhaitée commenter le porte-parole du groupe texan, même si Rex Tillerson, son CEO, a admis le 8 juillet qu’il “évaluerait toute vente d’actifs par BP”.

Du côté de la US Federal Trade Commission, sa porte-parole, Cecelia Prewett indique ne pas être au courant que l’agence ait donné cette permission à Exxon : avant cela, “nous devrions nous-mêmes étudier le dossier”, souligne-t-elle.

Fin juin, la banquet d’affaires JPMorgan Cazenove citait déjà, parmi les candidats potentiels à un rachat du groupe britannique, Exxon Mobil et Royal Dutch Shell. Le pétrolier texan avait cependant l’avantage, estimait Fred Lucas, analyste londonien de JP Morgan (cité par Bloomberg), grâce à un “bilan plus solide” et sa “capacité éprouvée à intégrer une transaction de taille importante”.

L’analyste entrevoyait même une offre mixte “liquide plus actions”, valorisant BP à 473 pence par action. Un montant largement supérieur au cours de Bourse de BP fin juin (308,25 pence) et même au cours actuel (379,65 pence). Il faut dire que la capitalisation boursière du groupe a dévissé depuis le 20 avril et l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, perdant plus de 100 milliards de dollars.

La marée noire a déjà coûté 3,5 milliards de dollars à BP

Il faut dire aussi que la facture de la marée noire ne cesse de gonfler : cette catastrophe écologique lui a déjà coûté 3,5 milliards de dollars, a annoncé BP lundi, ajoutant que la pose d’un nouvel entonnoir pour contenir la fuite “se déroule comme prévu”.

BP a jusqu’à présent réussi à récupérer 749.100 barils de pétrole depuis le début de la fuite fin avril, selon un communiqué. Le groupe précise que l’ensemble de ses projets devrait permettre de récupérer 60.000 à 80.000 barils par jour d’ici à la fin de juillet, en attendant que soient terminés les deux puits de secours qui permettront normalement d’arrêter cette fuite. La première quinzaine d’août est toujours la date avancée pour l’entrée en service du premier de ces puits.

Quelque 46.000 personnes, plus de 6.400 navires et des dizaines d’avions sont engagés contre la lutte contre cette marée noire, indique encore BP. Le groupe a reçu 105.000 demandes de dédommagement et a effectué plus de 52.000 paiements pour un total de presque 165 millions de dollars. BP rappelle enfin qu’il a accepté de créer un fonds de 20 milliards de dollars pour faire face aux coûts de la marée noire.

V.D., avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content