Bernard Gustin, le CEO de Brussels Airlines sur la sellette?

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Une réunion du conseil d’administration (CA) de SN Airholding, la société-mère de Brussels Airlines, est prévue lundi, a indiqué vendredi une porte-parole de la compagnie aérienne belge. D’après plusieurs médias, le groupe aéronautique allemand Lufthansa, qui a acquis l’intégralité des parts de l’entreprise belge il y a un peu plus d’un an, y souhaite un changement de management.

L’avenir de l’actuel CEO Bernard Gustin serait dès lors menacé, ce que refuse de confirmer Brussels Airlines pour le moment.

En décembre de l’année dernière, Lufthansa avait acquis les 55% de parts de SN Airholding qui lui manquaient pour contrôler entièrement Brussels Airlines. Le groupe allemand avait déboursé un montant total de 67,6 millions d’euros. La compagnie belge doit depuis lors être progressivement intégrée à Eurowings, la filiale low-cost de Lufthansa.

D’après La Libre Belgique, le patron de cette dernière voudrait mettre fin au contrat de Bernard Gustin et de Jan De Raeymaeker, respectivement CEO et directeur financier de Brussels Airlines. Leur sort devrait être scellé lundi, à Francfort, lors d’une réunion du CA de SN Airholding, dont le co-président n’est autre que Carsten Spohr, l’administrateur délégué de Lufthansa. Il revient en effet à cet organe de prendre une telle décision.

Si les quatre représentants belges y disposaient d’un droit de veto jusqu’au 1er janvier dernier -et qui n’a jamais été utilisé, les deux parties ayant toujours été d’accord jusqu’à présent, selon une source proche-, ce n’est plus le cas. Les cinq Allemands peuvent donc y imposer leurs vues, une simple majorité des voix étant suffisante.

Il semble ainsi que Bernard Gustin et Lufthansa ne soient désormais plus sur la même longueur d’onde, le premier privilégiant le modèle hybride, qui mêle les spécificités des compagnies à bas coûts et classiques et qui lui a permis de rivaliser avec les Ryanair et autres Vueling, alors que le groupe allemand prône plutôt la voie du low-cost. Selon L’Echo, il est probable que Lufthansa contraigne dès lors Brussels Airlines à fonctionner sur un modèle à bas coûts.

Contactée, Brussels Airlines se borne à confirmer la tenue d’un CA de lundi mais ne souhaite pas communiquer sur son contenu.

Né en 1968, Bernard Gustin a été impliqué dès les premières heures dans la destinée de Brussels Airlines. En tant que consultant pour Arthur D. Little, il a élaboré le business plan du successeur de la Sabena. Après la fusion de SN Brussels Airlines avec Virgin Express, qui avait abouti à la marque Brussels Airlines, en 2007, le Bruxellois était devenu co-CEO de l’entreprise un an plus tard, avec Michel Meyfroidt. Moment auquel avaient débuté les négociations avec Lufthansa pour une entrée du groupe allemand au capital, dont il acquiert alors 45%.

Bernard Gustin prendra finalement seul les rênes de Brussels Airlines en 2012. Il survit à la période de crise 2010-2014, années durant lesquelles l’entreprise essuie d’importantes pertes financières successives (dont une record de 80 millions d’euros en 2011). Ces contre-performances se réduisent cependant progressivement jusqu’à arriver à un bénéfice en 2015.

C’est cet aboutissement qui convaincra Lufthansa de lever l’option dont le groupe disposait et d’acquérir les 55% restants dans Brussels Airlines fin 2016.

“Aujourd’hui, la compétition n’a jamais été aussi forte. Et malgré cela, de plus en plus de voyageurs nous choisissent. Lufthansa était donc le juste choix”, disait d’ailleurs Bernard Gustin il y a tout juste un an.

Pétition des travailleurs de BA en soutien à Bernard Gustin

Les travailleurs de la compagnie aérienne Brussels Airlines ont lancé vendredi une pétition dans laquelle ils expriment leur soutien à leur administrateur délégué Bernard Gustin. Ils ont agi de la sorte après que des médias ont révélé que sa position à la tête de l’entreprise était menacée.

Les articles de presse ont suscité encore davantage d’inquiétude au sein du personnel de la compagnie, explique Filip Lemberechts, du syndicat libéral. Un potentiel licenciement de Bernard Gustin et de Jan De Raeymaeker, le directeur financier de Brussels Airlines depuis 2012, n’a rien amélioré à l’ambiance, selon le syndicaliste.

Les travailleurs ont dès lors lancé une pétition, intitulée “Lufthansa: keep Bernard Gustin as Brussels Airlines CEO”. Ils craignent qu’un départ de leur CEO signifie la fin du modèle hybride de l’entreprise, qui mêle les spécificités des compagnies à bas coûts et classiques et qui lui a permis de rivaliser avec les Ryanair et autres Vueling.

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