Belfius rejette les taux d’intérêt négatifs pour les particuliers

Marc Raisière, CEO de Belfius © Belga

Belfius ne facturera pas d’intérêts négatifs sur les livrets d’épargne pour les particuliers, déclare le CEO Marc Raisière. La banque ne prévoit également pas d’augmentations de tarifs à court terme.

Tout comme les autres banques, Belfius ressent la pression de la faiblesse des taux d’intérêt sur ses revenus et son bénéfice. Le résultat net consolidé s’élève à 249 millions d’euros après six mois en 2016, soit une diminution de 8% en comparaison avec les 272 millions d’euros au cours de la même période en 2015. Le bénéfice était comprimé de 63 millions d’euros du fait des pertes sur le portefeuille ‘hérité’. Le résultat du référendum sur le Brexit fin juin a aussi eu un effet négatif de 33 millions d’euros.

Les revenus des activités de bancassurance ont diminué de 2%. Cette baisse est entièrement prise en charge par les revenus d’intérêts nets, qui ont diminué de 1,04 milliard à 974 millions d’euros. Les revenus des commissions sont restés stables à 256 millions d’euros.

“Nous partons du principe que les taux d’intérêt resteront encore bas pendant tout un temps”, a déclaré le président du conseil d’administration Jos Clijsters. “Cela a des conséquences pour le modèle de bénéfice tant de la banque que des assurances. La pression sur la rentabilité persistera encore quelques années. Bien que cela ne sera pas facile, nous atteindrons tout de même notre objectif de 600 millions d’euros de bénéfice net en 2020,”

Cela semble peu ambitieux. L’an dernier, Belfius faisait déjà plus de 500 millions d’euros de bénéfice. La banque d’Etat désire surtout éviter de mettre la barre trop haut. Ce qui, dans un environnement de taux bas, pourrait mener à une augmentation du comportement à risque. “Nous visons consciemment un rendement des fonds propres entre 6 et 8%, et pas plus élevé”, explique Clijsters. “D’autres banques désirent obtenir au minimum 10%, mais Belfius ne prendra pas de risques. Nous nous contentons d’un niveau de bénéfice acceptable et durable.”

Revenus d’intérêts

La banque d’Etat désire surtout exploiter les prochaines années pour rectifier son business modèle. Pour 80% de son chiffre d’affaires, elle dépend des revenus d’intérêts. Comme ceux-ci diminueront au cours des prochaines années, Belfius désire compenser cette baisse en enregistrant plus de revenus de commissions. D’où le choix du modèle de bancassurance, qui devrait procurer à l’institution d’importants revenus par la vente de produits d’assurance.

Mais Belfius aimerait aussi vendre des produits et des fonds d’investissement à ses clients, liés ou non à une assurance. “Nous désirons accompagner nos clients dans la diversification de leurs moyens d’épargne”, dit le CEO Marc Raisière. “Ils n’obtiennent quasiment plus d’intérêts sur leur compte d’épargne et nous désirons leur offrir des alternatives. Belfius désire inciter ses clients à investir une partie de leur épargne à long terme.”

Sans mesures brutales

Raisière s’est exprimé contre un taux d’intérêt négatif sur les livrets d’épargne des particuliers. “Belfius ne facturera jamais un intérêt négatif”, assure-t-il. Il préfèrerait être libéré du taux d’intérêt minimum légal de 11 points de base sur le livret d’épargne réglementé, mais il estime que le combat n’en vaut pas la peine : “Nous pourrions y gagner quelques dizaines de millions déjà, mais nous risquerions en même temps de heurter un grand nombre de clients.”

Selon Raisière, il n’est également pas prévu d’augmenter les tarifs à court terme pour un certain nombre de services bancaires. “Nous désirons juste persuader nos clients d’acheter le plus de produits possibles chez nous, afin d’augmenter nos revenus et de nous diversifier”, dit le CEO de Belfius. “Cela ne serait pas compatible avec une politique d’augmentation générale des tarifs.”

BNP Paribas Fortis, la plus grande banque du pays, a déclaré il y a peu qu’elle augmenterait ou répercuterait un certain nombre de frais. La banque désire de la sorte répercuter la perte de revenus prévue sur les clients. BNP Paribas Fortis a déjà doublé les frais de dossier pour le refinancement du crédit logement à 700 euros.

“Nous allons adapter notre business model au cours des prochaines années, mais sans mesures brutales, ni pour le client ni pour l’employé”, soulignait Raisière. Il a confirmé qu’il n’y a pas de plan prévu pour une nouvelle restructuration ou pour un grand plan social.

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