Aviation: la compagnie Alitalia toujours en difficulté

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L’épineux dossier de la compagnie aérienne en difficulté Alitalia, qui pourrait intéresser Air France-KLM, est de retour sur le devant de la scène en Italie à quelques jours de l’expiration d’un pacte entre ses actionnaires et s’est invité au passage dans la campagne électorale pour les législatives de février.

Environ cinq ans après un sauvetage mouvementé par une “cordée” de grands patrons italiens, Alitalia n’a jamais véritablement réussi à redécoller. Les derniers résultats financiers dévoilés, ceux du 3e trimestre 2012, laissent présager une nouvelle année dans le rouge avant peut-être, selon son administrateur délégué Andrea Ragnetti, un retour à un bénéfice opérationnel en 2013.

La presse italienne avance pour sa part le chiffre alarmant d’une perte de 630.000 euros par jour, à ajouter à quelque 735 millions d’euros de déficits accumulés en quatre ans de gestion privée.

C’est dans ce contexte difficile que doit expirer samedi 12 janvier le pacte empêchant les actionnaires de la compagnie de vendre leur participation.

Le quotidien Il Messagero paru dimanche affirme qu’Air France-KLM, actuellement le plus important d’entre eux avec les 25% acquis en 2009, est en embuscade pour ramasser la mise auprès des autres participants au tour de table, et a chargé la banque Lazard de préparer le dossier, qui se trouverait déjà en “phase avancée”.

Outre Air France-KLM, les principaux actionnaires d’Alitalia sont actuellement au nombre d’une vingtaine dont la famille Riva (10,6%), la banque Intesa Sanpaolo (8,9%), et les groupes Atlantia (8,9%) et Immsi (7,1%). La compagnie n’est pas cotée en Bourse.

“Air France n’a nullement l’intention de voir s’enfuir sa proie une seconde fois”, écrit le Messagero dans une allusion à une tentative d’achat en 2008. Selon le journal, la compagnie espère clore l’opération d’ici à l’été. Le mode de paiement envisagé serait un échange d’actions.

Air France-KLM a toutefois démenti toute négociation lundi à Paris : “Il n’y a pas de négociations aujourd’hui. Les moyens d’Air France et d’Air France-KLM sont extrêmement limités et ne nous autorisent pas à faire des opérations”, a déclaré le PDG d’Air France Alexandre de Juniac au cours d’une conférence de presse. Alitalia pour sa part n’était pas joignable pour des commentaires.

Mais en Italie, le dossier reste brûlant et s’est invité, comme en 2008, dans la campagne électorale en vue des législatives. A l’époque, Silvio Berlusconi avait contribué à torpiller, au nom de la défense de l'”italianité”, une offre d’achat d’Air France-KLM, négociée avec le gouvernement de centre gauche de Romano Prodi.

Une position qui n’a nullement varié depuis, a affirmé dimanche le Cavaliere, qui fait actuellement sa sixième campagne électorale, cette fois pour les législatives prévues pour les 24 et 25 février. “Je referais le même choix”, a-t-il déclaré. “Je connais bien les Français, si Alitalia était tombée aux mains d’Air France, des quantités de touristes seraient allés voir les châteaux de la Loire au lieu de nos villes d’art”, a-t-il lancé.

Le chef du gouvernement démissionnaire Mario Monti, interrogé à son tour, s’est montré plus nuancé, rejetant toute “position abstraite et dogmatique”. “Il faut voir quelles sont les autres options et les perspectives économico-financières pour Alitalia”, a-t-il souligné.

Selon un analyste d’une grande banque italienne ayant requis l’anonymat, la situation est de fait “similaire” à celle d’il y a quatre ans et le scénario de sortie le plus probable pourrait l’être également : “Ils (les vainqueurs de l’élection, ndlr) chercheront à maintenir l’+italianité+ de la société d’une manière ou d’une autre, ce qui est aussi en train de se passer pour Ansaldo Energia”, une filiale du constructeur Finmeccanica qu’une alliance de patrons italiens tente d’acheter pour l’empêcher de tomber aux mains d’un groupe étranger, car elle serait notamment convoitée par l’allemand Siemens.

“Ils trouveront quelqu’un pour mettre de l’argent (dans Alitalia) en échange de quelque faveur politique”, prédit cet analyste.

Antonio Divietri, président d’Avia, une association de stewards, a pour sa part appelé M. Berlusconi à “un acte concret d’entrepreneur”, c’est-à-dire “au lieu de batailler contre une éventuelle acquisition par Air France, à déclarer vouloir participer lui-même à la recapitalisation d’Alitalia “.

L’Expansion.com

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