Avec Ressence, la Belgique se fait un nom dans la haute horlogerie

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Dans les esprits, la haute horlogerie fait directement penser à la Suisse. Si le pays helvète domine le marché, Ressence, une société belge, commence peu à peu à imposer son nom aux côtés des Cartier et autres Rolex. Basée au plein centre d’Anvers, Ressence est depuis juin 2016 officiellement reconnue par la Fédération de la Haute Horlogerie.

Une marque anversoise parmi les grands

Un privilège très rare puisque réservé à seulement 64 marques à travers le monde, “et seulement quelques-unes ne sont pas suisses”, précise Benoît Mintiens, le fondateur de la marque. Outre ce label, la reconnaissance est surtout venue mi-janvier lors du Salon International de la Haute Horlogerie qui se déroulait à Genève, le rendez-vous le plus select du secteur. “C’est d’autant plus une fierté, qu’il est nécessaire d’avoir l’accord des autres marques présentes au salon pour pouvoir y participer”, explique encore Benoît Mintiens, qui se réjouit de cette expérience. “C’est la plus belle vitrine qu’on puisse espérer. En une semaine on a, par exemple, effectué 22 conférences de presse.”

La marque distribue ses montres dans 40 bijouteries réparties dans 17 pays.

Montre atypique

La marque Ressence est loin des modèles classiques de montres. Son design, volontairement épuré, est pour le moins particulier. Ce que recherche d’ailleurs le fondateur, n’étant pas issu de l’horlogerie mais du design industriel. “Faire une montre classique n’aurait pas de sens et ne serait tout simplement pas concevable car d’autres marques, avec bien plus de moyens et de renommée, le font déjà”, continue le fondateur, qui parle d’ailleurs des autres marques comme de collègues. “Nos produits sont tellement différents que nous ne sommes pas vraiment en concurrence. Nous sommes d’ailleurs persuadés que si les gens achètent une de nos montres, cela ne se fait pas au détriment d’une plus classique mais plutôt en complément. ” Pour proposer une montre atypique, le créateur a tout revu, en y intégrant notamment une série d’innovations. “Sur notre dernier modèle, on en compte six, uniques au monde.” La plus marquante est celle située au niveau du cadran, où les aiguilles traditionnelles sont remplacées par des disques en rotation. “Rien que pour cette partie de la montre, on compte 200 pièces contre quatre ou cinq pour une montre classique, ajoute Benoît Mintiens. Et je ne parle même pas du mécanisme.”

La production annuelle de Ressence se limite à 300 montres, dont le prix va de 17.500 à 36.500 euros.

Epargnée par la crise

Lancée en 2010, Ressence propose aujourd’hui des montres très haut de gamme dont la plus chère est affichée à 36.500 euros. La production est donc minimale, puisque la société vend environ 300 modèles par an. Pour les écouler, Ressence a évidemment développé un large réseau de retailers. Les montres belges sont ainsi disponibles dans 40 bijouteries à travers le monde, reparties sur les différents continents. “On réalise 40 % de nos ventes en Europe, 30 % en Amérique du Nord et 20 % au Moyen-Orient”, chiffre Benoît Mintiens. La marque belge a pu éviter de subir de plein fouet la crise qui a touché le monde de la haute horlogerie. Car un effondrement de la demande chinoise en 2016 a fait mal au secteur. “Ce fut la pire année depuis la crise du quartz dans les années 1970, explique Gaëtan Gaye, le responsable marketing de la marque. Le gouvernement chinois a pris plusieurs mesures contre la corruption. Or, beaucoup de cadeaux étaient des montres haut de gamme. Le terrorisme a aussi affecté le secteur. ”

Ressence a développé pour sa dernière série six innovations uniques au monde dans l’horlogerie.

Ressence casse les codes

Si les montres sont montées en Suisse, tout le développement de la marque est réalisé à Anvers, par l’ancien designer industriel. ” Je dessine absolument tous les plans, jusqu’à la moindre petite visse, explique Benoît Mintiens, qui n’hésite pas à casser les codes de la haute horlogerie. Certaines montres ont, par exemple, des aimants dans le mécanisme. Pour un horloger, mettre un tel élément dans une montre est totalement impensable, car l’aimant peut dérégler le mécanisme. ” Pour financer la marque, Benoît Mintiens a fait appel à un prêt classique auprès d’une grande banque. Une exception dans ce monde très select. “Nous devons probablement être les seuls à nous financer de la sorte puisque les autres marques peuvent se reposer sur des investissements privés, sourit le fondateur. J’ai bien apporté une contribution personnelle mais cela a vite été insuffisant.” Autre particularité, Ressence fut l’une des premières marques à se lancer dans la vente en ligne, en proposant ses montres sur le site MrPorter, une référence pour le menswear de luxe. ” On a été les premiers à tenter le pari et désormais d’autres marques nous ont emboîté le pas “, explique encore Benoît Mintiens.

Par Arnaud Martin.

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