Arnaud Feist: “Nous pouvons créer 10.000 emplois”

Arnaud Feist, CEO de Brussels Airport Company, répète que l’aéroport de Zaventem peut créer 10.000 emplois au cours des prochaines années. “Et c’est une estimation prudente”.

Arnaud Feist a fait sa déclaration lors du Trends Inside Lunch de cette semaine.

CEO à la tête de Brussels Airport Company depuis cinq ans, Feist a dressé une image optimiste de l’aéroport. “Il s’agit du coeur logistique le plus important du pays après le port d’Anvers. Les compagnies aériennes veulent déployer leurs activités à partir de Bruxelles, la capitale politique en deuxième position d’importance à l’échelle de la planète.”

Dans et autour de la capitale de l’Europe, circulent quelque 5000 diplomates, 20.000 lobbyistes, 1400 journalistes, 9000 scientifiques et 2000 multinationales. “Nous avions remarqué cela lors de la récession de 2008-2009. C’était le crise en Europe, et un grand nombre de négociations ont eu lieu à Bruxelles”. Ce qui a généré de nombreux vols via Zaventem.

Le potentiel de Zaventem pourrait même être supérieur à celui de Schiphol ou Francfort. La seule chose qui manque encore trop souvent dans ce pays est une réelle volonté politique pour développer l’aéroport. “Zaventem touche un environnement de 20 millions d’habitants potentiels. C’est plus que Munich, Viennes ou Zurich par exemple. Mais Munich a 40 millions de passagers, alors que Zaventem en avait un peu moins de 22 millions l’an dernier”.

“Nous n’avons pas accordé la moindre réduction à Ryanair”

2014 fut une année record pour Zaventem. A côté des 21,9 millions de passagers, il y a eu 720.000 tonnes de frêt. Ce qui a généré 60.000 emplois directs ou indirects (dont un quart pour les francophones). “Zaventem a donc beaucoup d’atouts. DHL a déménagé son centre logistique européen à Leipzig en 2008, mais entretemps la capacité a à nouveau crû de manière considérable. Zaventem est devenue une plaque tournante pour le transport de marchandises pour les entreprises médicales”.

Il y a bien sûr aussi le transport de passagers. Différents transporteurs veulent absolument établir des connexions vers la capitale de l’Europe. Arnaud Feist vise notamment le luxueux transporteur des Emirats de Dubai. A l’autre extrême, on a Ryanair. “Les irlandais se sont tout simplement imposés. Ils ne nous ont même pas consultés avant de démarrer leurs activités à partir de Zaventem. La législation européenne le permet. Mais nous n’avons pas accordé la moindre réduction à Ryanair.”

Feist a ensuite développé le sujet de la concurrence déloyale de Charleroi. “Ryanair nous paie 28 euros par passager au départ de chez nous, mais 1 euro à Charleroi . Et si Charleroi demandait 2 euros, Ryanair menacerait de partir. Et Ryanair vient malgré tout à Zaventem. Pourquoi la Région Wallonne continue-t-elle à donner des subsides ? Charleroi est la plus grande base de décollage de Ryanair en-dehors du Royaume-Uni. Cela me paraît très raisonnable qu’une compagnie aérienne doive payer de 10 à 15 euros par passager à l’exploitant de l’aéroport.”

Un milliard d’euros d’investissements

Arnaud Feist prévoit une croissance en augmentation à Zaventem, à un rythme de deux à trois pourcents par an. “Cela paraît peut-être peu, mais cela signifie un doublement du nombre de passagers en 20 ans. Nous pouvons créer 10.000 emplois au cours des prochaines années. Avec ce chiffre, en tant qu’ancien directeur des finances, je reste très prudent. Nous investirons également un milliard d’euros au cours des 10 prochaines années”. Dans la modernisation des pistes, le renouvellement de la zone des magasins, dans le développement immobilier. Il y a aussi une possiblité d’extension du terminal de la jetée A, au vu du nombre croissant de passagers.

Mais tout n’est pas aussi rose pour autant. “Il est urgent qu’il y ait une loi sur les vols cette année, pour obtenir une clarté concernant les trajectoires de vol”. Aujourd’hui, les juges décident individuellement, et ils rejettent des trajectoires déterminées. “Mais un déplacement de celles-ci apporte des nuisances pour d’autres habitants. C’est donc une discussion d’où l’on ne sort jamais gagnant”. Feist met l’accent sur la chute de 30% du nombre de mouvements aériens depuis 2000, à 231.000. De plus, les avions deviennent de plus en plus silencieux. Un Boeing 747 fabriqué aujourd’hui est moitié moins bruyant que le même type d’appareil produit en 2000. “Les discussions concernant les nuisances sonores diminueront avec les années”, espère Feist avec optimisme.

Même les relations avec la Région de Bruxelles Capitale pourraient s’améliorer. Alors que l’aéroport et ses environs connaît des difficultés dans le recrutement de personnel adéquat dans une zone de quasi plein emploi, le chômage en Région Bruxelloise reste élevé, avec 19%. “Une connaissance élémentaire du néerlandais est exigée si vous voulez un emploi à l’aéroport”. L’aéroport donne des cours de langue, en collaboration avec les services de remise à l’emploi bruxellois. Le gouvernement bruxellois intervient également dans la discussion autour des cours de langue.

Deurne et Liège

Pour terminer, Arnaud Feist a encore abordé le sujet du développement phénoménal de l’aéroport d’Anvers. En un rien de temps, une dizaine de vols de lignes ont vu le jour. “C’est une énigme pour moi que des compagnies aériennes décident de démarrer l’exploitation de vols à un tel endroit. A Liège aussi, il y a davantage de vol de lignes. Ces compagnies aériennes reçoivent-elles quelque chose des exploitants de ces aéroports ? Je ne sais pas si c’est durable, mais il est possible qu’il s’agisse d’un phénomène temporaire susceptible de se terminer d’ici deux ans’.

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