Après quatre années de lutte, Ascoval repris par British Steel

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Le tribunal de grande instance de Strasbourg a confié jeudi la reprise de l’aciérie Ascoval à Saint-Saulve (Nord) à British Steel , un soulagement pour les 270 salariés, épuisés par quatre années de rebondissements incessants.

La chambre commerciale du TGI “arrête le plan de cession de (…) Ascoval à la société Olympus Steel Ltd”, société mère du groupe sidérurgique British Steel, a annoncé le greffe.

La prise d’effet de cette cession a été fixée au “15 mai 2019 à minuit”, a-t-il précisé. A cette date, Ascoval sera renommé “British Steel Saint-Saulve”.

“Un ouf de soulagement. Maintenant, le plus dur reste à venir. Remplir le carnet de commandes, et surtout être attentif aux conditions de travail”, a réagi auprès de l’AFP Nacim Bardi, délégué CGT de l’aciérie.

Dans la foulée, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a annoncé sa venue sur le site de Saint-Saulve, dès jeudi à 16H15. Dans un communiqué, il a assuré qu’avec la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher, ils “veilleront à la bonne application des volets social et industriel du projet de reprise”. Il a salué comme un “élément décisif”, dans la recherche d’un repreneur, “l’attitude particulièrement responsable dont les salariés de l’entreprise et leurs représentants ont fait preuve tout au long de la procédure”.

L’ensemble des 270 salariés d’Ascoval sont repris dans le cadre de cette acquisition, l’objectif étant que l’aciérie atteigne sa capacité maximale de production, soit 600.000 tonnes, d’ici à 2021.

“En reprenant l’aciérie électrique de Saint-Saulve près de Valenciennes, British Steel ouvre une filière complémentaire à celle des hauts fourneaux pour développer une production à partir d’acier recyclé destiné aux +produits longs+ (rails ferroviaires, fil machine)”, ont expliqué, dans un communiqué commun, Ascoval et British Steel.

“Cette nouvelle filière stratégique et plus écologique permettra d’alimenter et faire croître le volume de production des usines et laminoirs de British Steel”, ont-ils ajouté.

– Soulagement après la douche froide –

Dans un premier temps, les magistrats strasbourgeois avaient accordé la reprise d’Ascoval au franco-belge Altifort, mais, fin février, celui-ci s’était désisté, étant incapable de réunir les fonds nécessaires. Cet épisode avait été vécu comme une véritable douche froide par les salariés, désormais 270, après une dizaine de démissions et de départs en retraite.

Les magistrats strasbourgeois avaient accordé le 27 mars un nouveau délai d’un mois pour trouver un repreneur valable. A défaut, la liquidation aurait pu être prononcée.

Quatre nouvelles offres avaient alors été examinées : celle du sidérurgiste britannique, mais aussi celles du fonds SecuFund Industry, de l’industriel régional Pascal Cochez et du fabricant italien d’aciers spéciaux Calvi Networks, qui a finalement jeté l’éponge fin avril, faute d’avoir bouclé son plan de financement.

L’offre de British Steel était jugée la plus crédible par les acteurs du dossier.

L’acquisition d’Ascoval va permettre à British Steel d’asseoir un peu plus son statut de sidérurgiste européen. Elle confirme aussi l’intérêt des Britanniques pour une industrie métallurgique française quelque peu délaissée.

Elle intervient au moment où le groupe GFG Alliance, du magnat indo-britannique Sanjeev Gupta, a mis la main sur une immense fonderie d’aluminium à Dunkerque, en promettant de “réindustrialiser la France”, ainsi que sur deux équipementiers automobiles de Vienne, Saint-Jean Industries Alu et Fonderies du Poitou.

Faute de nouvelles commandes, la production d’Ascoval est à l’arrêt jusqu’au 13 mai. Mais Ascoval compense les pertes de salaire par une mesure de chômage technique.

Créée en 1975 par Vallourec et devenue Ascoval en 2017, l’aciérie fabrique des tubes d’aciers spéciaux. Elle attend un repreneur depuis la liquidation judiciaire en février 2018 du groupe Asco Industries, auquel le sidérurgiste Vallourec avait cédé 60% de l’usine.

Le premier plan de restructuration avait été annoncé en 2015 par Vallourec. Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, avait assuré devant les salariés de l’usine de Saint-Saulve qu’il n’y aurait “aucune fermeture de site et aucun départ contraint”.

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