Accès au marché chinois: les firmes de l’UE veulent des “actes concrets”

la Chine amorçait un processus de dépréciation de sa monnaie semant la pagaille sur les Bourses. © ISTOCK

Que vaut la promesse de la Chine d’ouvrir grand son marché? Ses engagements tardent à se concrétiser, déplore la Chambre de commerce européenne dans le pays, demandant à Pékin d’abolir les restrictions et obstacles réglementaires qui entravent les investissements étrangers.

L’année 2017 avait pourtant bien commencé: en janvier à Davos, le président chinois Xi Jinping avait promis que le géant asiatique “garderait ses portes grandes ouvertes”. Un discours remarqué suivi d’une circulaire gouvernementale prévoyant de “créer un environnement de concurrence équitable” et “d’agir davantage pour attirer les capitaux étrangers”.

Mais pour la Chambre de commerce de l’Union européenne (UE) à Pékin, le compte n’y est toujours pas.

Dans son rapport annuel, publié mardi et au ton souvent désabusé, l’organisation détaille sur 400 pages les barrières en tous genres et les incertitudes qui continuent de décourager l’investissement dans la deuxième économie mondiale.

Les entreprises européennes “sont lassées de ces promesses, connaissant bien cette litanie d’engagements (…) qui ne sont jamais véritablement matérialisés”, insiste le rapport, exhortant le régime communiste à “supplanter les mots par des actes concrets” et à éliminer les discriminations persistantes visant les firmes à capitaux étrangers.

Selon un sondage publié en mai par la Chambre, 54% des entreprises européennes estiment que les firmes à capitaux étrangers sont victimes d’un traitement discriminant en Chine.

“Les chiffres parlent d’eux-mêmes: les investissements chinois en Europe se sont envolés de 77% l’an dernier, tandis que les investissements de l’UE en Chine s’effondraient d’un quart”, observe Mats Harborn, le président de la Chambre, lors d’un entretien avec des journalistes.

Et les investissements européens vers la Chine ont encore diminué de 23% au premier semestre 2017, signe que l’attractivité du pays pâlit alors même que son économie résiste.

Finance, électronique, services juridiques, automobile… Autant de secteurs où l’UE accueille volontiers les capitaux chinois et où Pékin perpétue des restrictions pour les investisseurs étrangers: obligation de s’associer en joint-venture avec un partenaire local ou interdiction pure et simple.

“Le manque de réciprocité (…) n’est pas politiquement tenable. Si la Chine n’agit pas, nous redoutons le contrecoup: personne ne veut voir un engrenage de représailles entre grandes puissances commerciales”, soupire Mats Harborn.

Avant de marteler: “Nous appelons à l’abolition des lois (chinoises) sur les investissements étrangers”, ce régime légal spécifique et restrictif qui entretient “un climat des affaires opaque et insuffisamment prévisible”.

La Chambre appelle par ailleurs les deux parties, Chine et UE, à “accélérer la cadence” pour conclure d’ici 12 mois leur Accord sur l’investissement (CAI) en cours de négociation.

– Fromages et cybersécurité –

Ce rapport intervient alors que les motifs d’inquiétude s’amoncellent.

Brie, camembert et autres fromages à pâte molle sont depuis plusieurs semaines interdits d’importation, et la Chine s’apprête à exiger à partir d’octobre des certificats d’inspection pour les produits agroalimentaires entrant sur son territoire, y compris les moins risqués.

“Ce n’est pas en ligne avec la pratique internationale, cela va peser sur les importations chinoises (…) C’est très surprenant, on ne saisit pas la logique”, commente le président de la Chambre.

De même, la loi chinoise sur la cybersécurité, entrée en vigueur au printemps, qui renforce les contrôles sur le stockage des données par les firmes, “génère des incertitudes et mine la confiance”, possible frein faussant la concurrence.

Enfin, la reprise en main par le Parti communiste des entreprises d’Etat et son implication grandissante au sein des firmes privées, où il possède d’office des comités, sème aussi le doute.

“Pour l’instant, une poignée de nos entreprises européennes ont reçu des demandes pour que le Parti y agisse davantage (..) mais aucun changement réglementaire ne justifie l’intervention des comités du Parti dans la gestion des affaires au quotidien”, tempère Mats Harborn. “Si c’était un changement de politique, cela serait extrêmement inquiétant pour l’attractivité des investissements en Chine”.

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