USA: la Fed devrait encore attendre avant de relever ses taux

Janet Yellen, présidente du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed). © Reuters

Les taux d’intérêt sont sur la pente ascendante aux Etats-Unis contrairement à la zone euro mais la Réserve fédérale (Fed), qui se réunit mercredi, devrait encore patienter cette semaine avant d’enclencher une nouvelle hausse.

“On s’attend à ce que le Comité monétaire (FOMC) laisse la fourchette d’évolution des taux monétaires entre 0,25% et 0,50%, inchangée pour sa deuxième réunion consécutive, après le relèvement effectué en décembre”, a affirmé Tom Porcelli, économiste pour la banque d’investissement canadienne RBC Capital Market.

Le FOMC rendra son verdict mercredi à 18h00 GMT à l’issue de deux jours de réunion et publiera de nouvelles prévisions économiques. Une demi-heure plus tard, Janet Yellen, la présidente de la Fed, tiendra une conférence de presse.

Lors de leur précédente réunion fin janvier, les membres du Comité avaient choisi le statu quo, estimant qu’il fallait prendre le temps d’évaluer l’impact sur l’économie américaine du ralentissement mondial et des turbulences sur les marchés financiers, dans un contexte de croissance molle à la fin de l’année et d’inflation muette.

Mais depuis, deux rapports sur l’emploi ont montré que les entreprises américaines continuent à embaucher largement. Avec un taux de chômage à 4,9%, un plus bas en huit ans, on s’approche du plein emploi visé par la banque centrale.

En février, l’économie des Etats-Unis a créé 242.000 emplois nets, 50.000 de plus que ne l’estimaient les analystes.

L’inflation, autre cible de la Fed, commence à donner des signes de frémissement, à moins que ce ne soient seulement les prix du pétrole qui aient finalement atteint un plancher.

La hausse des prix sur un an, selon l’indice PCE, baromètre favori de la Fed, a atteint 1,3% en janvier, un sommet depuis 15 mois. L’objectif que la banque centrale estime sain pour l’économie est de 2%.

Volatilité apaisée

Du côté des marchés financiers, la volatilité s’est apaisée depuis le début du mois, les inquiétudes sur l’économie américaine s’étant calmées. La croissance qui était tombée à 1% en rythme annuel au dernier trimestre 2015, devrait remonter largement au-dessus de 2% de janvier à mars, estiment les économistes.

Alors qu’en zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) déploie tous ses efforts pour rendre la politique monétaire encore plus accommodante, l’horizon semble se dégager aux Etats-Unis pour permettre une “normalisation” progressive des taux cette année. Devant le Congrès le mois dernier, Janet Yellen a encore promis une “hausse graduelle des taux” en 2016.

S’il est encore trop tôt pour que la banque centrale franchisse le pas cette semaine, “tout est en place pour juin”, assure Nariman Behvaresh, économiste pour IHS Global Insight.

Les salaires, dont la progression serait considérée comme un signe annonciateur de l’inflation, sont encore stagnants pour l’essentiel.

Mais surtout, le durcissement des conditions financières du début de l’année (renforcement du dollar, dégonflement du prix des actions) a agi comme un tour de vis monétaire, diminuant les risques de surchauffe, ont fait valoir plusieurs membres de la Fed.

Pour Lael Brainard, gouverneure de la Réserve fédérale, le récent resserrement des conditions financières équivaut “à une hausse des taux de 75 points de base”, ce qui correspondrait à trois relèvements des taux directeurs de l’ampleur de celui réalisé par la Fed en décembre.

Signe de l’amélioration de la conjoncture, le communiqué du Comité devrait reformuler de façon positive son commentaire sur la première économie mondiale et affirmer que les risques pour l’activité sont “presque à l’équilibre”, assure-t-on chez Barclays Research.

Selon une enquête de la National Association for Business Economics (NABE) auprès de quelque 250 économistes, 39% estiment que les taux seront relevés deux fois cette année et 24% une seule fois. La très grande majorité (64%) prévoit toutefois que les taux ne dépasseront pas 1% d’ici la fin de l’année.

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