Une première hausse des taux de la BCE pourrait venir dès juillet
La Banque centrale européenne pourrait commencer à relever ses taux d’intérêt dès le mois de juillet, a averti mercredi sa présidente Christine Lagarde, alors que la zone euro est confrontée à une flambée de l’inflation.
La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) a préparé mercredi le terrain à une hausse des taux d’intérêt en juillet face à la flambée de l’inflation, ce qui marquerait le début de la fin de l’argent “facile” dans la zone euro, après les Etats-Unis.
L’institut monétaire européen “va mettre fin” dans un premier temps à ses achats nets d’actifs “au début du troisième trimestre”, soit juillet, puis une première hausse de taux interviendrait “quelque temps après”, dans “une période de quelques semaines seulement”, a averti Christine Lagarde dans un discours prononcé à Ljubljana.
Alors que l’inflation a atteint le taux record de 7,5% sur un an en avril dans la zone des dix-neuf pays utilisant l’euro, la BCE paraît déterminée désormais à ramener cet agrégat au niveau de son objectif de 2% dans les deux ans qui viennent.
Encore en avril, la BCE donnait l’impression de vouloir temporiser avant d’agir, préférant attendre pour voir l’évolution de la croissance et de l’inflation, comme des conditions d’emprunt des Etats et du secteur privé. Or, la poursuite de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, qui fait grimper les tarifs de l’énergie, et la reprise du Covid-19 en Chine, avec des restrictions qui affaiblissent son économie et le commerce mondial, alimentent la forte inflation.
– Voyage par étapes –
Du coup les prochaines réunions de la banque centrale européenne le 9 juin, à Amsterdam, puis le 21 juillet à Francfort, s’annoncent cruciales avant la pause estivale. “Après la première hausse des taux, le processus de normalisation sera progressif”, a précisé Mme Lagarde, qui parle depuis avril d’un “voyage” effectué par étapes, laissant présager d’autres hausses de taux à venir après le premier amorçage de l’été.
Ce changement de cap est surtout poussé par les “faucons” partisans d’une politique monétaire plus stricte au sein du Conseil des gouverneurs, l’instance de décision de la BCE. Ces derniers semblent avoir pris le dessus sur les “colombes”, adeptes de soutiens prolongés à l’économie.
“Alors que l’inflation dans la zone euro continue d’être élevée, nous devons agir”, a martelé mardi Joachim Nagel, président de la Bundesbank allemande, connue pour ses positions orthodoxes sur la politique monétaire. M. Nagel préconise “une première étape de normalisation des taux d’intérêt de la BCE en juillet”, à l’instar d’Isabel Schnabel, membre, allemande, du directoire de l’institut.
La politique des taux maintenus au plus bas – en particulier le taux sur les dépôts des banques à la BCE, négatif depuis 2014 et porté à -0,5% depuis – est régulièrement critiquée dans la première économie européenne. Nombre d’Allemands accusent l’institut d’alimenter la hausse des prix et d’appauvrir les épargnants. “L’argent va être un peu moins facile” et “les taux d’intérêt vont monter mais très progressivement”, a expliqué de son côté mercredi François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, sur la radio France Inter.
– Première hausse depuis 2011 –
La BCE n’a plus connu de hausse de taux depuis 2011 et il est désormais clair qu’elle se prépare à emboiter le pas d’autres grandes banques centrales en avance sur le sujet.
Début mai, la Réserve fédérale américaine (Fed) a remonté ses taux directeurs de 0,5 point pour combattre une inflation plus élevée encore qu’en zone euro. Et la Banque d’Angleterre (BoE) a relevé son taux à un plus haut depuis 2009.
Pour la zone euro, Gilles Moec, chef économiste chez Axa, interrogé par l’AFP, table sur “une première hausse des taux en juillet, suivie par un retour à zéro (du taux négatif) en septembre, avant une longue pause”.
Toutefois, il ne s’attend pas une longue série de hausses. “Entre la poursuite de la guerre en Ukraine, une situation Covid pour le moins compliquée en Chine et les effets secondaires du durcissement rapide des conditions financières aux Etats-Unis, la BCE ne pourra pas facilement poursuivre sa normalisation au-delà de 2022”, conclut-il.
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