Rodolphe De Pierpont (Febelfin): “Le cash coûte cher à tout le monde”
La fédération belge du secteur financier (Febelfin) multiplie les campagnes de promotion en faveur des services bancaires digitaux.
Avec Digital Wallonia, vous lancez l’action “J’adopte la banque digitale” pour stimuler le passage aux opérations bancaires numériques. La banque digitale s’est pourtant déjà bien généralisée…
Il est vrai que de plus en plus de consommateurs apprécient les moyens de paiement digitaux et que l’on passe de moins en moins en agence. Les chiffres le montrent, le nombre de connexions avec sa banque via smartphone est extrêmement fréquent : en moyenne environ une fois par jour. Et cela a tendance à augmenter. Mais toute une série de personnes, peu ou pas connectées, n’ont pas les moyens ou les connaissances pour accéder à ces services bancaires digitaux. Il y a clairement un besoin d’apprentissage d’une partie de la population, et en particulier chez les plus de 60 ans. Un constat que partagent les autorités publiques qui voient dans les opérations bancaires digitales une sorte de service auquel tout un chacun devrait avoir accès. D’où le souhait d’aller à la rencontre de ces consommateurs sur le terrain afin de les aider à franchir le pas dans les meilleures conditions possibles.
La gestion du cash coûte-elle à ce point cher aux banques ?
La gestion du cash coûte cher à tout le monde et pas seulement aux banques : environ 130 euros par an et par personne, payés notamment au travers de nos impôts. Pensons notamment à la production, à la distribution et au recyclage des pièces et billets qui sont organisés par la Banque nationale. De nouvelles séries de billets sortent régulièrement avec de nouveaux éléments de sécurité. Tout cela n’est pas gratuit. L’empreinte CO2 du cash n’est pas non plus négligeable : quatre à cinq fois plus importante que les moyens de paiement digitaux. Le cash est aussi le support par excellence de l’économie informelle (travail au noir, etc.) et de la criminalité financière. Un phénomène contre lequel les banques luttent activement.
Le 11 mai dernier, vous avez également lancé le premier Digital Payment Day, sorte de journée sans cash qui invitait commerçants et consommateurs à opter massivement pour les paiements digitaux. Une initiative de plus contre l’argent liquide. Est-ce que les banques nous préparent la fin du cash ?
Non, ce n’est pas à l’ordre du jour. L’idée n’est pas de faire disparaître le cash du jour au lendemain. Par contre, il y a une grande marge d’amélioration pour l’utilisation des moyens de paiement électroniques. Paradoxalement, plus de 60 % des achats en magasin se font encore en cash alors que, bien souvent, le commerçant dispose de moyens de paiement électroniques et que le Belge préfère ces derniers. La Belgique est aussi nettement en retard par rapport aux Pays-Bas où on compte deux fois plus de terminaux de paiement. N’est-il pas inefficace de retirer de l’argent à un distributeur pour payer quand on sait que le commerçant devra ramener cet argent cash auprès de sa banque en fin de journée ? Simplifions, sécurisons et facilitons la vie de tout le monde.
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