Pourquoi un millier d’emplois passent à la trappe chez BNP Paribas Fortis

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Quand l’ancien patron de Barclays, Antony Jenkins, disait que dans 10 ans un emploi de banquier sur deux aura disparu, il ne pensait sans doute pas directement aux banques belges. Pourtant BNP Paribas Fortis vise à réduire l’emploi de 7 % et ING Belgique songe à supprimer 185 emplois supplémentaires.

D’abord, un peu d’arithmétique parce que l’on se perd parfois dans les chiffres. BNP Paribas Fortis estime que, dans les trois ans, 2.430 fonctions équivalent temps plein vont disparaître. Cependant, 1.840 temps plein vont retrouver une autre fonction au sein de l’entreprise. Il y a donc 590 emplois temps plein menacés.

Par ailleurs, “sur les trois années à venir, le groupe va connaître une attrition naturelle de 2.460 personnes : il peut s’agir de départs à la retraite ou de personnes qui désirent réorienter leur carrière”, observe le porte-parole de BNP Paribas Fortis, Valéry Halloy. En tout donc, 3.050 personnes devraient quitter l’entreprise entre 2016 et 2018.

En revanche, le groupe envisage de recruter environ 650 personnes par an, soit grosso modo 2.000 engagements d’ici à 2018. Si l’on tient compte des arrivées et des départs, le personnel de BNP Paribas Fortis devrait se réduire d’un bon millier d’unités, et donc passer de 14.725 équivalents temps plein aujourd’hui à 13.700 environ fin 2018.

Qui est touché ? Pas les agences. “BNP Paribas Fortis conservera toujours le réseau d’agences le plus important du pays, avec 786 agences”, affirme Valéry Halloy. Ce sont donc surtout les employés travaillant dans les services centraux qui devraient être les plus impactés : ressources humaines, communication, marketing, facility (immobilier, fournitures,…), finances, administration, etc.

Uberisation bancaire

BNP Paribas Fortis n’est pas la seule à subir ces changements : ING Belgique, qui avait déjà annoncé en 2013 la suppression de 1.115 emplois entre 2013 et fin de cette année, songerait aussi, selon nos confrères du Tijd et de L’Echo, à supprimer 50 agences et 185 emplois. “Rien n’est encore décidé. Ce sont des scénarios qui ont été présentés au dernier conseil d’entreprise, relativise le porte-parole d’ING Belgique.” Chez Belfius, on rappelle que la banque poursuit l’exécution de son plan 2012-2016 comme prévu. Belfius aura supprimé environ un millier d’équivalents temps plein entre fin 2012 et l’an prochain, mais ne devrait pas descendre ses effectifs sous la barre des 4.300 fonctions temps plein comme promis.

Quant à KBC, le groupe pourrait opérer, en raison du changement de comportement des clients, des “glissements internes au sein des canaux de distribution et entre les canaux de distribution (agences, centres de conseils régionaux, site KBC-Touch ou applications mobiles)”. KBC a annoncé voici déjà quelques mois que “d’ici la fin de cette année 2015, 11 petites agences bancaires (occupant trois collaborateurs au maximum) — sur un total de 717 agences bancaires KBC — seraient fermées et que 22 seraient transformées en agences d’automates”, observe la directrice de la communication de KBC Viviane Huybrecht.

Ces plans sont le signe que le monde bancaire vit une révolution. Voici quelques jours, dans un discours devant les membres du Royal Institute of International Affairs, l’ancien patron de Barclays, Antony Jenkins, estimait que les banques classiques étaient menacées comme jamais par l’apparition de start-up proposant des solutions plus rapides et moins chères dans une série de métiers bancaires : paiements, transferts internationaux, prêts, gestion de fortune (lire à ce sujet notre dossier paru dans l’édition “Trends-Tendances” du 3 décembre).

Le processus d'”uberisation” de l’économie éliminant la nécessité de passer par des intermédiaires professionnels n’épargne pas les banques. Avec des conséquences immédiates sur l’emploi.

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