Magasin Carrefour sans cash: les Belges sont-ils prêts?
D’ici quelques semaines, le groupe Carrefour ouvrira un magasin entièrement automatisé à Bruxelles où le paiement ne pourra se faire que par voie électronique. Les Belges sont-ils prêts à ces magasins d’un genre nouveau ?
Une nouvelle étape vers une société sans cash va être franchie par le groupe français de supermarchés Carrefour. Le nouveau magasin, qui s’installera rue Marché aux Herbes, à Bruxelles, “d’ici quelques semaines”, selon le porte-parole de l’entreprise Baptiste van Outryve, sera ouvert sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Il s’agira d’un endroit où les clients pourront passer des commandes et les collecter.
Autre particularité et non des moindres: ce magasin fonctionnera sans caisse, un modèle unique sur notre territoire. Il ne sera donc pas possible de payer en espèces, confirme Baptiste van Outryve. Les clients pourront payer leurs achats en ligne ou sur place, mais uniquement par carte. Il y aura toutefois bien du personnel, entre autres, pour cuire le pain.
Selon Carrefour, cette boutique automatisée n’est pas un test. Ce système de paiement sera mis en place dans tous les nouveaux magasins de ce type. La chaîne française de supermarchés prévoit d’en ouvrir plusieurs à l’avenir.
Il sera également possible de choisir des produits via un écran sur place, explique Carrefour au magazine Gondola. L’assortiment en magasin se composera de 400 articles, principalement des produits congelés, des produits frais et des aliments secs. Trois machines prépareront les commandes.
Selon Baptiste van Outryve, le choix de Carrefour de ne pas utiliser d’argent liquide est légale, car il s’agit de distributeurs automatiques de billets, et non de caisses enregistreuses. Que les consommateurs se rassurent, l’enseigne ne compte pas bannir le cash de ses autres magasins.
“Le mode de paiement doit rester un choix du consommateur”
Avec l’arrivée de ce type de magasin, doit-on s’attendre à devoir délaisser progressivement l’argent réel pour l’argent virtuel en Belgique ? Une petite révolution déjà amorcée dans les pays du Nord, en Suède par exemple, qui se prépare à abandonner l’argent liquide au profit des paiements électroniques à l’horizon 2030.
Les Belges ne semblent pas encore prêts à ce changement. Une étude publiée par la banque ING en mai 2017 signalait que “le recours au cash reste central puisque près de 6 Belges sur 10 affirment qu’ils ne souhaitent pas virer vers une économie sans espèce“, rapporte le site de la RTBF. A l’échelle européenne aussi, des recherches indiquent que l’utilisation du cash reste très appréciée du public. Une étude récente de la BCE montre que pas moins de 54% des paiements en Belgique sont effectués en pièces et billets.
Même écho du côté de Febelfin, la Fédération belge du secteur financier. “Nous évoluons vers une société ‘less cash’ (avec moins d’argent liquide, NDLR) plutôt que vers une société ‘cashless’ (sans argent liquide, NDLR)”, déclare à la RTBF Isabelle Marchand, porte-parole de la Fédération. Selon elle, “la monnaie papier restera toujours une manière officielle de payer“, même si le secteur bancaire milite ardemment en faveur des paiements électroniques.
“Nous restons attentifs à cette évolution progressive vers une société sans cash ou avec moins de cash. Nous avons dénoncé récemment les pratiques agressives des banques qui voulaient faire payer les retraits de billets à leurs distributeurs, même si la pratique n’est pas comparable car elle touchait tous les utilisateurs. Dans ce cas, il s’agit plutôt d’un magasin spécifique destiné à des personnes qui sont déjà familiarisées avec les paiements numériques lors de leurs courses en ligne. Nous serions évidemment choqués si tous les magasins Carrefour passaient aux paiements uniquement électroniques car cela exclurait les personnes précarisées qui n’ont pas de compte bancaire ou qui n’ont pas accès aux nouvelles technologies. D’autres consommateurs n’ont tout simplement pas envie de payer par carte. Ce serait inacceptable d’imposer des magasins sans cash à tous les clients, car le mode de paiement doit rester un choix du consommateur”, nous explique Julie Frère, la porte-parole de l’association de défense des consommateurs Test Achats.
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