Les Bourses mondiales effrayées par la propagation du coronavirus

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Les Bourses mondiales cédaient à la panique lundi face à l’accélération de la propagation de l’épidémie de coronavirus au-delà de la Chine, et qui fait de plus en plus pression sur l’activité et la croissance économiques. A 10H30 (09H30 GMT), les places de Paris, Francfort, Londres, Madrid et Zurich chutaient de plus de 3%. Celle de Milan s’effondrait de plus de 4%. L’indice EuroStoxx 50 de la zone euro abandonnait 3,6%.

La Bourse de Milan chute de 4,17%

La Bourse de Milan chutait fortement lundi en début de séance en raison des fortes inquiétudes liées au nouveau coronavirus qui touche le nord de l’Italie. Environ une heure après le début des échanges, le FTSE Mib avait reculé de 4,17% à 23.737 points, plaçant très nettement Milan en queue de peloton des bourses européennes.

La Bourse de Londres chute de plus de 3%

La Bourse de Londres chutait de plus de 3% lundi matin, secouée par la propagation de l’épidémie de coronavirus qui gagne désormais l’Europe et risque de plomber l’économie mondiale. Vers 09H20 GMT, l’indice FTSE 100 des principales valeurs perdait 3,11%.

Le marché britannique, comme ses homologues européens, souffrait de l’avancée du coronavirus, considéré par la Chine comme sa “plus grande urgence sanitaire” depuis 1949. L’épidémie a forcé dimanche la Corée du Sud à proclamer l’état d’alerte maximum, l’Italie à mettre des villes en quarantaine et plusieurs pays à se protéger de la propagation rapide du virus en Iran.

“Le coronavirus a imprimé sa marque en Europe avec une hausse soudaine du nombre de cas en Italie. Les investisseurs qui pensaient que leurs placements aux Etats-Unis ou en Europe seraient épargnés par les craintes sur le coronavirus doivent changer leur plan”, souligne Jasper Lawler, analyste chez London Capital Group.

Les marchés redoutent en outre que la croissance mondiale en fasse les frais, en affaiblissant la Chine et en compliquant les affaires des grandes entreprises. Le secteur du voyage souffrait particulièrement. La compagnie aérienne EasyJet perdait 11,60%, le groupe IAG, propriétaire de British Airways, 6,42%, le voyagiste TUI 8,72% et le croisiériste Carnival 5,35%.

La Bourse de Madrid chute de 3%

La Bourse de Madrid plongeait lundi matin à l’unisson des autres places financières européennes de plus en plus inquiètes de la propagation de l’épidémie du nouveau coronavirus et de ses conséquences potentielles sur la conjoncture économique mondiale. Vers 09H16 GMT, l’indice vedette Ibex 35 cédait 3,25% à 9.565,10 points.

L’ensemble des valeurs était dans le rouge mais les groupes les plus dépendants de la conjoncture internationale souffraient particulièrement. Le groupe hôtelier Melia lâchait ainsi 7,14% à 6,77 euros tandis que le géant de la mode Inditex (Zara) perdait 4,56% à 30,15 euros.

Inquiète du coronavirus, la Bourse de Francfort plonge à l’ouverture

Vers 08H37 GMT, l’indice vedette reculait de 436,52 points, à 13.142,81 points. Le MDax des valeurs moyennes chutait de -3,26%.

Les investisseurs se rendent compte qu’il “était trop tôt” pour considérer les effets “négatifs du coronavirus sur l’économie” comme “négligeables et limités”, estime Milan Cutkovic, analyste chez AxiTrader.

La première compagnie aérienne allemande Lufthansa (-7,29%) pâtit le plus des inquiétudes sur le coronavirus. Les valeurs automobiles sont également en forte baisse, à l’image de Daimler (-4,79%), Volkswagen (-4,24%), BMW (-4,17%) et l’équipementier Continental (-5,77%).

En Asie, les Bourses chinoises ont terminé la séance de lundi en ordre dispersé, Hong Kong et Shanghai finissant dans le rouge tandis que la Bourse de Shenzhen a clôturé très légèrement dans le vert.

Alors que les actions plongeaient, au premier chef celles des secteurs exposés à la Chine (matières premières, automobile, tourisme et luxe), les investisseurs se repliaient vers les valeurs refuge, à savoir les obligations d’Etat et l’or.

“C’est une nouvelle donne pour les marchés financiers”, selon Tangi Le Liboux, chez le courtier Aurel BGC.

“L’épidémie de coronavirus se propage en dehors de Chine, dans des pays comme la Corée du Sud, l’Italie ou l’Iran, ce qui pourrait causer d’énormes perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales si les mesures de confinement sont de plus en plus nombreuses”, explique-t-il.

Les organisations internationales s’inquiètent de la hausse du nombre de cas à l’extérieur de la Chine et notamment en Corée du Sud, qui a connu une augmentation rapide du nombre de cas avec plus de 700 nouvelles contaminations en moins d’une semaine.

En Italie, où quatre morts des suites du nouveau coronavirus et 165 cas de contagion ont été recensés, onze villes ont été placées en quarantaine pour deux semaines.

Le Moyen-Orient est lui aussi touché: l’Iran dénombre huit décès et 43 cas de contamination tandis qu’en Israël, les autorités ont confirmé vendredi un premier cas, celui d’une femme qui avait été placée en quarantaine sur le paquebot Diamond Princess puis autorisée à débarquer par les autorités sanitaires japonaises.

– La reprise “en péril”? –

Un premier cas de coronavirus a été détecté dans l’ouest de l’Afghanistan, celui d’un individu en provenance d’Iran.

Pékin a reconnu que le nouveau coronavirus constituait sa “plus grande urgence sanitaire” depuis 1949. La ville de Wuhan (centre), où est apparu le nouveau coronavirus en décembre, a renoncé lundi à alléger les mesures de quarantaine en place depuis un mois, revenant sur une annonce faite quelques heures plus tôt.

“Maintenant que les foyers d’infection se multiplient en dehors du pays, une pandémie mondiale est à redouter avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer sur la production mondiale de biens et services”, souligne M. Le Liboux.

Le G-20 a certes promis des mesures pour faire face aux risques, mais “cette fois, les marchés ne pourront pas se reposer sur des anticipations de nouvelles mesures de la part des banques centrales pour limiter leur repli”, estime l’expert.

Lors d’une réunion du G-20 en Arabie saoudite, la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a estimé que “le virus Covid-19, urgence sanitaire mondiale, a perturbé l’activité économique en Chine” et pourrait “mettre en péril” la reprise de l’économie mondiale. Elle a affirmé que l’impact du virus sur la croissance serait d’environ 0,1 point de croissance.

“Alors que la publication des résultats 2019 touche à sa fin, les effets liés au coronavirus pourraient être de plus en plus importants sur les publications du 1er trimestre et les alertes sur résultats pourraient être annoncées dans de nombreux secteurs d’ici là”, prévient dans une note Vincent Boy, analyste chez IG France.

Coté statistiques, toutes précisions concernant les prochaines publications économiques chinoises seront analysées de près, tout comme les chiffres du produit intérieur brut en Allemagne mardi et celui des Etats-Unis jeudi ou encore la confiance des consommateurs de la première économie mondiale mardi.

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