Les Bourses encore sous pression au lendemain d’une séance noire

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Les inquiétudes sur la croissance mondiale et le secteur bancaire secouaient à nouveau les Bourses mardi, notamment celle de Tokyo qui a chuté de 5,40%, et dans une moindre mesure les places européennes et New York.

Après un sursaut aussi limité qu’éphémère à l’ouverture pour les principales Bourses européennes, la morosité a vite repris ses droits et la plupart ont accentué leurs pertes à la mi-journée, avant de limiter un peu la casse.

Vers 16H00 (15H00 GMT), Paris perdait 1,20%, Francfort 1,24%, Madrid 2,06%, Milan 1,80% et Londres 0,90%.

De son côté, la Bourse de New York a ouvert en nette baisse, perdant autour de 1%.

La journée avait débuté par la dégringolade de la Bourse de Tokyo de 5,40% à la clôture. Les investisseurs nippons ont cherché refuge dans le yen, en nette hausse, l’or profitant lui aussi de la quête générale de sécurité.

“La volatilité l’emporte sur la logique”, note John Plassard, chez Mirabaud Securities.

“Entre informations déprimantes sur le pétrole et stress bancaire, le coeur des investisseurs balance”, observe-t-il.

De multiples facteurs dépriment les marchés, entre faiblesse persistante des prix du pétrole, indicateurs économiques moroses et désormais chute des valeurs bancaires.

“Si les investisseurs espéraient une semaine calme”, notamment en raison de la fermeture des marchés chinois pour les célébrations du Nouvel An, “le réveil a été très brutal”, remarque Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a néanmoins battu en brèche mardi les espoirs d’une remontée des prix du pétrole à court terme, confirmant que le monde devrait rester submergé d’or noir face à une demande fragile.

Au-delà du pétrole, “le stress sur le secteur bancaire prend de plus en plus d’ampleur et le risque de propagation est bien présent”, prévient John Plassard, chez Mirabaud Securities.

Les valeurs bancaires souffraient, comme la veille. Deutsche Bank perdait 4,20% à Francfort, Intesa Sanpaolo 6,07% et Unicredit 7,90% à Milan malgré un bénéfice net en recul mais meilleur que prévu en 2015, et Société Générale 3,96% à Paris.

Coordination du G20

Le secteur “fait face à de nombreux problèmes” dont une baisse des profits, une économie mondiale qui ralentit et des taux négatifs à travers la planète, réduisant de ce fait leur capacité à améliorer leur rentabilité au moment où la réglementation leur demande de renforcer leurs fonds propres, détaille M. Hewson.

“Il est assez simple de comprendre qu’elles ne peuvent pas faire tout en même temps”, selon l’analyste.

Deutsche Bank, première banque allemande laminée en Bourse ces dernières semaines, s’est d’ailleurs vue dans l’obligation de publier un communiqué destiné à rassurer les investisseurs sur sa capacité à payer ses dettes.

De même, Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a tenté d’éteindre le feu, en soulignant que les incertitudes qui menacent l’économie mondiale ne viennent pas de la zone euro.

Il a souhaité une coordination des pays du G20, qui se réunissent à la fin du mois à Shanghai, “face à la dépréciation quasi généralisée des devises émergentes pour limiter tout risque de contagion au sein de l’économie mondiale”, rappellent les stratégistes de Crédit Mutuel-CIC.

Les investisseurs s’interrogent en effet sur la capacité des banques centrales à agir dans cet environnement économique mondial dégradé.

La BCE devrait probablement agir en mars mais c’est la Réserve fédérale américaine (Fed) qui concentre pour l’heure l’attention, alors que sa présidente Janet Yellen doit s’exprimer devant le Congrès américain mercredi et jeudi.

Le marché était jusqu’à présent convaincu que la Fed allait être très patiente avant de remonter à nouveau ses taux mais le dernier rapport sur l’emploi américain a comporté quelques bonnes nouvelles qui entretiennent la confusion sur l’avenir de la politique monétaire.

De son côté, le marché obligataire bougeait peu alors que les investisseurs s’étaient rués lundi vers les actifs les moins risqués comme la dette allemande dont les taux d’emprunt avaient fortement reculé.

Sur le marché des changes, l’euro progressait face au billet vert, à 1,1263 dollar.

Enfin, l’or, véritable baromètre de la peur du marché, se stabilisait à 1.190 dollars l’once après avoir grimpé la veille, signe de la frilosité des investisseurs.

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