Les banques italiennes de nouveau en difficulté

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Les banques italiennes, pour lesquelles le gouvernement réfléchit à un plan de soutien, étaient de nouveau dans la tourmente lundi à la Bourse de Milan, en particulier la BMPS, sommée par la Banque centrale européenne d’agir sur ses créances douteuses.

Fragilisé par son éclatement, des problèmes de capitalisation et 360 milliards d’euros de crédits en souffrance, le secteur bancaire italien a connu de multiples soubresauts ces derniers mois. Depuis janvier, l’indice des banques italiennes, le FTSE Italia All-Share Banks, a perdu 55%.

Lundi, plusieurs étaient de nouveau à la peine, au premier rang desquelles la BMPS (Banca Monte dei Paschi di Siena), qui a dévissé de 13,99% à 0,29 euro, atteignant un nouveau minimum historique.

La raison: la BCE lui a adressé un courrier lui demandant de faire passer son stock de créances douteuses de 46,9 milliards d’euros bruts (24,2 milliards en valeur nette) à 32,6 milliards (14,6 milliards nets) maximum en 2018.

La BMPS, troisième banque du pays, a souligné que “ces objectifs étaient en ligne avec (ceux) d’un plan, récemment approuvé par la banque et soumis simultanément à l’évaluation de la BCE, prévoyant une hausse des cessions de créances douteuses par rapport à son plan 2016-2018”.

La BMPS doit aussi transmettre avant le 3 octobre les mesures devant être mises en oeuvre pour réduire à 20% en 2018 son ratio entre les créances douteuses et l’ensemble de ses créances, a-t-elle expliqué, soulignant avoir immédiatement engagé des discussions avec la BCE.

Parmi les autres banques à la peine: Banca popolare dell’Emilia Romagna a perdu 6,73% à 2,91 euros, Banco popolare 4,5% à 2,08 euros, Mediobanca 4,21% à 4,986 euros ou encore Unicredit 3,63% à 1,805 euro.

Avec le vote sur le Brexit, qui a secoué les marchés et plus particulièrement les banques, Rome et l’UE ont engagé des discussions sur un possible soutien au système bancaire italien.

L’approche de la publication, le 29 juillet, des résultats des tests de résistance menés par l’Autorité bancaire européenne ajoute à la nervosité de la place milanaise, également inquiète du référendum sur la réforme constitutionnelle, prévu en octobre et pour lequel le chef du gouvernement, Matteo Renzi, a mis son poste en jeu.

La Commission européenne a donné jeudi son feu vert à un schéma de garantie de six mois permettant à Rome de fournir si besoin des liquidités aux banques solvables – jusqu’à 150 milliards d’euros selon les médias -, un schéma déjà utilisé dans d’autres pays.

La presse a évoqué ces 10 derniers jours d’autres mesures que Rome souhaiterait obtenir, comme une suspension ou un assouplissement pendant six mois des règles du “bail-in” – qui permet à une banque en difficulté de mettre à contribution en premier lieu les actionnaires et épargnants – pour permettre un sauvetage public (“bail-out”).

Le Financial Times a de nouveau mis le feu aux poudres lundi en soulignant que l’Italie était “prête à défier l’UE et à injecter unilatéralement des milliards d’euros dans son système bancaire troublé, en cas de sévère difficulté systémique”.

Interrogée à ce sujet par l’AFP, une source gouvernementale a affirmé que M. Renzi, qui a plusieurs fois exprimé sa volonté de défendre les épargnants, privilégiait “les solutions du marché, dans le respect des règles européennes”.

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