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Les agences bancaires sont elles encore utiles?

Un quart des agences bancaires a disparu en 10 ans, mais pourquoi et qu’en sera-t-il en 2016 ?

Fin d’année oblige, mes confrères de l’Echo ont rappelé à juste titre qu’entre 2005 et 2015, un quart des agences bancaires belges avaient fermé leurs portes.

Si l’on prend en compte les 4 grandes banques belges, nous arrivons à une suppression de 910 agences en dix ans. C’est énorme, et visiblement, ces fermetures ne sont pas prêtes de s’arrêter. Officiellement, aucune de ces banques ne souhaite indiquer si ces fermetures continueront au cours des prochaines années, encore moins à quel rythme. Cette réponse est relativement sincère, car quasi toutes ces banques affirment qu’elles ne réduiront la voilure que si le comportement de leurs clients change au point de rendre ces agences bancaires en quelque sorte inutiles !

Un quart des agences bancaires a disparu en 10 ans. Qu’en sera-t-il en 2016 ?

Et la dernière étude de la banque ING montre qu’avec l’arrivée des smartphones, la tendance à déserter les agences bancaires s’accélère. Pour ING, par exemple, 24 % des clients se rendent au moins une fois par semaine dans leur agence, 37% une fois par mois, 19% une fois par trimestre et le solde tous les six mois ou moins encore. La faute à qui ? Comme je viens de le dire, d’abord aux 5 millions de smartphones actifs en Belgique. C’est la cause principale de la désertion des agences physiques, bien avant le self banking et le PC banking ! A voir certaines convergences, on a l’impression que vu cette modification des usages, les grandes banques belges ont décidé de réduire le nombre de leurs agences autour du chiffre magique de 700.

Ce qui intéressant, ce n’est pas de simplement acter un phénomène, mais d’entendre des voix dissonantes par rapport à cette décrue des agences bancaires qui semble inéluctable. Ce n’est par exemple par l’avis de Philippe Brassac, le directeur général du Crédit Agricole, une importante banque française. Selon Philippe Brassac (1), le succès d’une banque ne se mesure pas uniquement à la fréquentation de ses agences, mais à la performance commerciale. Et il ajoute que “fermer des agences ne fait pas une stratégie numérique. Cela ne fait pas une stratégie tout court”. Et Philippe Brassac enchaîne en précisant qu’annoncer “des plans de fermetures, cela revient plutôt à anticiper un recul commercial. Et à croire que l’on peut se passer des équipes. Car qu’est-ce qu’une agence, sinon un endroit où travaillent nos collaborateurs”. Et il ajoute encore : “ce n’est pas parce que le client y vient moins souvent que ces professionnels ne travaillent pas pour lui en proximité”. Et Philippe Brassac a même cette phrase assassine : “la banque digitale fait une croix sur la valeur de cette relation et revient à mettre des produits bancaires sur des gondoles”. Dois-je le préciser, ce banquier doit se sentir seul, car ce discours n’est quasi jamais tenu par un banquier important. Son discours est en tout cas rafraîchissant, et j’avais envie de le partager avec vous.

En cette fin 2015, il y a encore des dirigeants qui ne pensent pas comme tous les autres !

(1)”Fermer des agences ne fait pas une stratégie numérique”, Le Figaro, 23 novembre 2015

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