Le rouble au plus bas niveau de son histoire face au dollar

Le rouble a perdu plus de 40% de sa valeur face au dollar et à l'euro en 2014. © Reuters

La monnaie russe est tombée mercredi à son plus bas niveau historique face au dollar, sous le coup de l’effondrement sans fin des cours du pétrole qui enfonce la Russie dans la crise économique.

Le début d’année tourne au cauchemar pour les Russes qui ont vu leur pouvoir d’achat plonger l’an dernier et voient désormais toute perspective d’amélioration s’éloigner au fur et à mesure que le baril d’or noir perd de sa valeur.

Le dollar a atteint 80,79 roubles à la Bourse de Moscou. Le rouble ne s’est jamais échangé à ce niveau depuis que Moscou a enlevé trois zéros à sa monnaie, au moment de la grave crise financière de 1998.

Jusqu’à présent, la monnaie russe s’était maintenue au-dessus de ses pires niveaux des journées noires de décembre 2014, quand un vent de panique s’était emparé des investisseurs et des Russes et que le rouble s’était brutalement effondré avant de remonter.

L’euro est quant à lui monté jusqu’à 88,14 roubles, pic le plus élevé depuis décembre 2014. La monnaie unique européenne avait alors atteint 100 roubles.

“Le rouble qui baisse, cela signifie que l’inflation augmente, et donc une baisse des revenus des ménages, un appauvrissement de la population et une baisse du niveau de vie”, a commenté l’économiste Igor Nikolaïev, de la société de conseil FBK Grant Thornton.

“Pour l’économie, cela veut dire que les investissements diminuent encore plus, que les risques se renforcent pour les investisseurs, que la situation économique est instable et incertaine”, a-t-il ajouté, interrogé par l’AFP.

Sur le marché boursier, l’indice RTS de la Bourse de Moscou, libellé en dollars, dévissait de 4,49% vers 12H20 GMT, soit un plongeon de 16% depuis le début de l’année. Le Micex (en roubles) cédait 1,76%.

Gorbatchev sévère

Le pétrole représente avec le gaz plus de la moitié des revenus de l’Etat russe et sa chute intervient au moment où la Russie, également visée par des sanctions dues à la crise ukrainienne, espérait sortir de la récession qui l’a frappée en 2014.

Le baril d’or noir s’enfonce depuis le début de la semaine et est passé mercredi les 28 dollars sur les marchés, ce qui n’était plus arrivé depuis 12 ans. Il semble se rapprocher inexorablement du seuil des 25 dollars, soit la moitié du niveau sur lequel se sont basées les autorités russes pour construire leur budget 2016 et leurs prévisions économiques.

Dans ses nouvelles prévisions publiées mardi, le Fonds monétaire international table sur une baisse de 1% du produit intérieur brut cette année après une chute de près de 4% l’an dernier.

Le gouvernement a déjà reconnu qu’avec un pétrole aux niveaux actuels, l’économie devrait encore se contracter et que des coupes budgétaires seraient nécessaires.

Il a multiplié les réunions ces derniers jours pour trouver des sources d’économies et de revenus supplémentaires, tout en préservant les prestations sociales et l’aide aux secteurs les plus en difficultés (automobile, construction…).

Le président Vladimir Poutine, qui s’exprimait mercredi devant des entrepreneurs au moment même où la monnaie plongeait au plus bas, a reconnu que les deux années passées avaient été difficiles “pour tous les secteurs”.

La crise a été marquée par une flambée d’inflation avec une hausse des prix à la consommation de près de 13% sur l’année 2015, entraînant un plongeon des revenus des ménages et de la consommation.

Les marchés de l’automobile ou de l’immobilier se sont effondrés, comme les séjours à l’étranger, tandis que les ventes de smartphones ont pour la première fois reculé.

Sévère, l’ex-président soviétique Mikhaïl Gorbatchev a dénoncé l’absence de “plan d’action” des autorités pour sortir de la crise économique. “Tout ce que l’on nous dit vise visiblement à nous calmer, mais peu d’efforts sont entrepris pour réaliser” ces promesses, a-t-il jugé, cité par l’agence Ria-Novosti.

Du point de vue monétaire, la chute du rouble risque fort de repousser encore la baisse des taux demandée par les milieux économiques pour dégeler l’activité du crédit. Face à une monnaie affaiblie et de nouveaux risques inflationnistes, la banque centrale a peu de chance de pouvoir baisser son taux directeur sous le taux punitif actuel de 11%.

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