La nationalisation de BMPS, un mauvais feuilleton et la fin d’un faux suspense

La banque a reçu un beau cadeau de Noël de la part de l'Etat italien. © Reuters
Amid Faljaoui

L’agonie de la plus vieille banque du monde s’achève. Enfin, a-t-on envie d’écrire. Enfin, car après plusieurs mois de tergiversations, le gouvernement italien a compris que pour éviter la faillite de la Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS), le passage par la case “nationalisation préventive” était la seule solution possible.

La direction de la banque a longtemps cru ou fait croire qu’elle pouvait s’en sortir via une énième augmentation de capital ou convaincre un fonds souverain (Qatar) de la renflouer. Mais la Banque centrale européenne (BCE) a sifflé la fin de ce feuilleton dont l’issue actuelle ne faisait plus aucun doute. La raison ? La BCE n’a pas voulu prendre le risque d’une crise bancaire italienne avec un risque de contagion européen à la clé. Il faut dire que Banca Monte dei Paschi di Siena avait déjà perdu 87 % de sa capitalisation boursière en un an, au point de ne capitaliser aujourd’hui que 400 millions d’euros ! Criblée de créances douteuses (prêts que les ménages et les entreprises ont des difficultés à rembourser), BMPS reste une banque fragilisée. Et si l’Etat italien a tellement attendu (d’autres diront ” perdu du temps “), c’est parce qu’il y a de nouvelles règles en vigueur en zone euro depuis le 1er janvier 2016.

La nouvelle réglementation en vigueur (bail-in) impose en effet aux actionnaires et aux créanciers de mettre la main à la poche avant d’envisager tout soutien public. Le souci, c’est que les banques italiennes ont vendu en masse de la dette bancaire, et aujourd’hui 40.000 épargnants italiens sont détenteurs des obligations de BMPS. Bref, appliquer à l’aveugle la nouvelle réglementation bail-in posait un problème politique majeur (les épargnants votent aussi). Sans compter que laisser tomber Banca Monte dei Paschi di Siena aurait causé un drame social considérable (30 % à 40 % des guichets doivent être fermés).

Résultat de cette longue agonie : la BCE a demandé au management de BMPS de trouver 8,8 milliards d’euros.

Nationalisation temporaire

Sur ce montant total, l’Etat italien devrait injecter 6,5 milliards d’euros et porter ainsi sa participation finale à 70 % du capital de BMPS. C’est donc bien une nationalisation bancaire, même si le gouvernement italien précise bien qu’elle est momentanée… Le temps pour la plus vieille banque du monde de retrouver des couleurs et de se délester de son portefeuille de créances douteuses auprès d’un fonds mis en place à cet effet.

Au total, cette opération de renflouage risque de durer encore trois mois. Au final, c’est le contribuable italien qui payera l’addition via une hausse de sa dette publique de 20 milliards d’euros (montant censé nettoyer en partie les errements du secteur bancaire italien).

Et en Belgique ?

Reste à voir si ces ” bonnes ” nouvelles seront de nature à rassurer les clients belges de la Banca Monte dei Paschi. La question n’est pas théorique car les déboires de la banque italienne ont fait fuir 10 % de sa clientèle en Belgique. La direction locale refuse de parler de ” panique ” mais admet tout de même un malheureux effet domino, vu que l’établissement belge se porte bien. Pour l’heure, la Banca Monte dei Paschi Belgio fait l’objet d’une attention particulière de la Banque Nationale de Belgique.

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