La bulle chinoise explose: “La purge est en cours et personne ne sait combien de temps elle durera”

© Reuters

Il n’y a pas que la crise grecque pour inquiéter les investisseurs. La correction en Chine se poursuit et c’est même la dégringolade !

La Grèce n’est pas le seul sujet d’inquiétude pour les investisseurs. Le plongeon de la Bourse chinoise focalise également de plus en plus l’attention : – 30 % pour la Bourse de Shanghai depuis son plus haut du 12 juin dernier. “La correction enregistrée ces derniers jours apparaît comme logique après l’envolée du premier semestre, situe Bernard Keppenne, chief economist à la banque CBC. Les Chinois se sont rués sur la Bourse en croyant que c’était la poule aux oeufs d’or. Ils prennent maintenant leurs bénéfices alors que les résultats des entreprises chinoises sont décevants. A côté de cela, le gouvernement a pris des mesures pour freiner les crédits spéculatifs accordés par les entreprises à d’autres entreprises. Pour enrayer cette bulle du crédit, la banque centrale de Chine vient d’abaisser ses taux directeurs et le taux de réserve minimum que doivent détenir les banques qui octroient du crédit aux PME et aux agriculteurs. D’autres mesures spécifiques ont été prises en vue de soutenir la Bourse comme le report de toute une série d’IPO. Mais malgré cela, le mouvement de correction se poursuit avec un effet de contagion aux autres places financières asiatiques, elles-mêmes déjà fragilisées par la Grèce.”

Greed and fear

Comme l’écrit ce matin dans sa revue de presse quotidienne l’ancien trader parisien bien connu Marc Fiorentino, le gouvernement chinois fait en effet ce qu’il peut pour ralentir la chute. “Mais rien n’y fait pour l’instant. La purge est en cours et personne ne sait combien de temps elle durera. La Bourse c’est aussi ça : un mélange de greed and fear, d’appât du gain et de peur. Nous sommes dans la phase peur.”

Abandonnant presque leurs activités principales, des millions de particuliers chinois ont en effet acheté des actions à crédit via le système des margin accounts, c’est-à-dire des achats spéculatifs. Achats spéculatifs auxquels ils ont procédé pour investir sur le marché en empruntant de l’argent, avant de mettre en garantie de prêt les actions achetées, et cela tout en tablant sur une augmentation des cours pour rembourser leur emprunt. Mais, c’est bien connu, les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel. Une hausse de la Bourse chinoise de 150 % en un an, malgré une situation économique de plus en plus dégradée, ce n’était plus tenable. Tout ceci était pourtant prévisible, affirme Marc Fiorentino. “On assiste en direct à l’explosion d’une bulle que tout le monde, y compris les autorités chinoises, ont vu venir. Elles n’ont pourtant rien fait. Et aujourd’hui, elles prennent des mesures réellement extraordinaires dans la panique. Avec les bulles, on a, à chaque fois, l’impression de revivre la même situation et la bulle chinoise est un vrai cas d’école.”

En attendant, le retournement est aggravé non seulement par la crise grecque mais aussi par le ralentissement de l’économie chinoise (croissance de seulement 7 % en 2015). Bref, “à force de se focaliser sur la Grèce, on peut se poser la question de savoir si on n’oublie pas l’essentiel”, conclut Bernard Keppenne.

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