La Banque d’Angleterre attendue sur sa réponse au psychodrame du Brexit
La Banque d’Angleterre devrait annoncer jeudi la poursuite de sa politique monétaire actuelle, mais pourrait s’inquiéter de la tournure que prend le Brexit dans un environnement économique ravagé par la pandémie de nouveau coronavirus.
L’institution, qui s’est réunie mercredi, doit annoncer sa décision jeudi à 11H00 GMT (13H00 à Paris). Pour les observateurs, la Banque d’Angleterre (BoE) devrait maintenir son taux d’intérêt directeur à 0,1%, un plus bas historique fixé en pleine pandémie de Covid-19, et son programme de rachat d’actifs, porté à 745 milliards de livres (environ 810 milliards d’euros) en juin.
Cependant, “l’augmentation de l’incertitude liée au Brexit et le rebond du Covid-19 au Royaume-Uni et en Europe de l’Ouest, ouvrent la voie à une potentielle surprise”, a signalé Fawad Razaqzada, analyste pour Think Markets.
Selon lui, si annonce inattendue il y a, elle prendra la forme de signaux clairs envoyés au marché concernant un futur assouplissement monétaire.
“La Banque d’Angleterre devrait annoncer de nouveaux rachats d’actifs autour de 100 milliards de livres (mais) probablement en novembre ou en décembre”, et non pas dès jeudi, a renchéri Howard Archer, économiste chez EY Item Club.
Les négociations sur la relation post-Brexit entre le Royaume-Uni et l’Union européenne ont pris une tournure dramatique la semaine dernière, lorsque le gouvernement de Boris Johnson a confirmé sa volonté de modifier l’accord sur le Brexit conclu l’an passé, en violation du droit international. L’initiative a fait bondir les Européens qui ont menacé le Royaume-Uni d’une action en justice.
Le texte revenant sur des dispositions concernant l’Irlande du Nord et destinées à garantir la paix, a franchi lundi un premier obstacle au Parlement britannique malgré la fronde d’une partie du camp conservateur. La suite du cheminement parlementaire du projet s’annonce cependant plus incertaine.
Ce dossier a empoisonné un peu plus des négociations commerciales déjà très difficiles et a augmenté le risque d’un “no deal” à la fin de l’année, synonyme de droits de douane et de contrôle aux frontières. Ces craintes se sont déjà répercutées sur la livre sterling, qui a chuté la semaine dernière face aux autres principales devises.
Un échec des négociations commerciales serait en effet potentiellement très coûteux pour de nombreux secteurs, comme s’en inquiètent les représentants sectoriels et milieux d’affaires.
– Chômage en hausse, inflation en baisse –
La Banque d’Angleterre pourrait donc devoir se préparer à agir en réaction à une telle hypothèse, qui ne fait officiellement pas partie du scénario sur lequel elle base ses prévisions, d’autant que le chômage commence à grimper outre-Manche face à l’impact de la pandémie de covid-19.
Le taux de chômage a atteint 4,1% en moyenne glissante sur les trois mois achevés fin juillet, contre 3,9% sur les trois terminés fin juin. Et économistes et milieux d’affaires craignent une déferlante de licenciements à la fin octobre quand le programme de chômage partiel mis en place par le Trésor prendra fin.
La perspective de taux d’intérêt négatifs, qui a alimenté les spéculations ces derniers mois, pourrait par ailleurs de nouveau être évoquée, même si la Banque d’Angleterre a déjà fait part de sa réticence à ce sujet. Selon plusieurs analystes, il est peu probable que la BoE s’engage dans cette voie, du fait des conséquences négatives pour le secteur financier.
En revanche, l’hypothèse d’une hausse des taux avant plusieurs mois, voire plusieurs années, est quasi-nulle alors que l’inflation est très loin de la cible des 2%, que vise l’institut monétaire.
L’inflation a subi un gros coup de frein en août, à 0,2% contre 1% en juillet, principalement en raison d’un programme gouvernemental de subventions des repas pris dans les restaurants pour dynamiser le secteur.
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