La banque centrale suisse resserre sa politique monétaire pour la première fois depuis 2015
La banque centrale suisse resserre sa politique monétaire pour la première fois depuis 2015, en relevant son taux directeur d’un demi point tout en le maintenant en terrain négatif à -0,25%, afin de contrer l’inflation, annonce-t-elle jeudi.
“Il n’est pas exclu que de nouveaux relèvements de taux soient nécessaires dans un avenir proche pour stabiliser à moyen terme l’inflation”, a prévenu la Banque nationale suisse (BNS) dans un communiqué, rompant avec la ligne qu’elle appliquait depuis plus de sept ans pour limiter la pression sur sa monnaie.
“Ce resserrement des rênes monétaires doit empêcher l’inflation de s’étendre en Suisse“, a ajouté l’institution monétaire, qui a relevé ses prévisions d’inflation.
Elle table sur une hausse des prix de 2,8% pour 2022, a-t-elle indiqué dans le communiqué après l’avoir déjà relevé à 2,1% en mars, et à 1,9% pour 2023, contre 0,9% auparavant.
L’inflation en Suisse est nettement moins forte que dans la zone euro ou aux Etats-Unis grâce à la force du franc suisse qui jusqu’à présent a permis d’atténuer le renchérissement des produits importés.
Mais depuis février, elle dépasse l’objectif de la BNS qui fixe le seuil de stabilité des prix entre 0% et 2% et a accéléré mois après mois. En mai, elle a grimpé à 2,9%.
Sans le relèvement de taux décidé aujourd’hui, la prévision d’inflation serait nettement plus élevée”, a prévenu la BNS qui a évoqué “une pression inflationniste accrue”.
“Depuis mars, l’inflation s’est de nouveau nettement accentuée sur un large front dans de nombreux pays”, a souligné la BNS face à la guerre en Ukraine, aux mesures de confinement en Chine et aux difficultés d’approvisionnement.
La banque centrale suisse a maintenu sa prévision de croissance à 2,5% pour la Suisse en 2022, la guerre en Ukraine ayant “jusqu’ici relativement peu pesé sur l’activité économique en Suisse”.
Les conséquences les plus visibles sont l’augmentation des prix de l’énergie et les difficultés d’approvisionnement, a-t-elle soupesé.
Mais comme à l’étranger, “des risques importants grèvent les prévisions pour la Suisse”.
“Une perturbation de l’approvisionnement énergétique en Europe pourrait affecter sensiblement l’économie de notre pays”, a-t-elle argumenté.
Ce resserrement de taux, qui s’appliquera aussi aux avoirs que doivent lui confier les banques et institutions financières, s’appliquera à compter du 17 juin.
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