L’affaire Barclays – Libor : qui est reponsable ?

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L’ex CEO de Barclays, Bob Diamond, rendu responsable du scandale du Libor par Jerry del Missier, ancien directeur des opérations de Barclays.

Jerry del Missier, l’ex-directeur des opérations de Barclays qui a démissionné à la suite du scandale de manipulations de taux interbancaires, a déclaré lundi avoir agi “sur instructions” de l’ancien directeur général Bob Diamond, qui a également quitté l’entreprise.

M. del Missier a reconnu devant la Commission du Trésor de la Chambre des Communes avoir donné instruction à l’un des services de la banque -le money market desk- de sous-estimer le taux transmis à l’Association des banquiers britanniques (BBA) pour le calcul de taux interbancaires britannique Libor et européen Euribor.

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“Je l’ai fait sur la base de la conversation que j’avais eu avec Bob Diamond”, a déclaré le banquier canadien, expliquant que l’ex-patron lui avait dit avoir eu une discussion sur le sujet avec Paul Tucker, l’un des vice-gouverneurs de la Banque d’Angleterre. “J’ai transmis cette instruction comme je l’avais reçue”, a-t-il ajouté.

A la question “est-ce que vous diriez que M. Diamond vous a donné instruction de sous-estimer les soumissions au Libor”, M. del Missier a répondu par l’affirmative. “M. Diamond m’a indiqué qu’il y avait des pressions politiques (…) concernant la santé de Barclays, et que nous devrions soumettre des taux Libor bas”, a-t-il précisé.

Le scandale a éclaté mercredi 27 juin, lorsque Barclays a révélé qu’elle allait payer environ 360 millions d’euros pour mettre fin à des enquêtes des régulateurs britannique et américain dans une affaire de manipulation du taux interbancaire britannique Libor et européen Euribor entre 2005 et 2009.

Deux périodes de manipulation des taux

Les enquêtes ont établi deux périodes: l’une à partir de 2005 au cours de laquelle des traders ont tenté de manipuler les taux pour gonfler leurs bénéfices ou limiter leurs pertes. L’autre à partir de la crise pour préserver l’image de la banque, c’est sur cette phase que les députés se concentrent.

Lors de son témoignage le 10 juillet, M. Diamond avait indiqué que M. del Missier avait mal interprété le compte-rendu qu’il avait rédigé à la suite d’une discussion avec M. Tucker au moment de la crise financière de 2008, et y avait vu un encouragement à abaisser les taux du Libor. Cette pratique aurait permis à la banque d’apparaître en meilleure santé financière qu’elle ne l’était en réalité.

“A cette époque, cela ne m’a pas semblé être une action inappropriée étant donné que cela venait de la Banque d’Angleterre”, a relevé M. del Missier. “Avec le recul, si”. “Vous pensiez que vous agissiez sur instruction de la Banque d’Angleterre”, lui demande un député. “Oui”, répond M. del Missier. Il a révélé aux parlementaires que le responsable du “money market desk” à qui il avait transmis l’instruction de M. Diamond avait à son tour prévenu les services de conformité de Barclays. “Il n’y a pas eu de suite”, a-t-il précisé.

En ce qui concerne les manipulations effectuées à partir de 2007 par des traders, il a indiqué l’avoir découvert après l’ouverture des enquêtes réglementaires “fin 2009/début 2010”. “Les défaillances dans les contrôles sont clairement inacceptables. (…) Il y a eu des défauts de contrôle, c’est regrettable”, a-t-il souligné, estimant “ne pas être un bouc-émissaire”.

Trends.be avec l’Expansion

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