Faillite d’un courtier américain, victime de la dette européenne

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Le puissant courtier américain MF Global est exposé à hauteur de 6,3 milliards d’euros aux dettes européenne. C’est la 8e plus grosse faillite enregistrée aux Etats-Unis depuis 1980. L’onde de choc sera cependant moindre que celle provoquée par la faillite de Lehman Brothers.

Le courtier américain MF Global, en situation très délicate notamment en raison de son exposition à la dette européenne, a déposé le bilan, selon des documents de justice disponibles lundi. La société a soumis à un tribunal new-yorkais un dossier la plaçant sous la protection de la loi américaine sur les faillites, le conseil d’administration estimant qu’une telle opération était “dans l’intérêt de la compagnie, de ses créanciers, de ses actionnaires et des autres parties intéressées”. Cela représenterait la huitième plus grosse faillite aux Etats-Unis depuis 1980. Parmi les plus importants créanciers de MF Global figurent la banque américaine JPMorgan Chase et l’établissement allemand Deutsche Bank, ainsi que le groupe de médias CNBC.

MF Global, qui se présente comme l’un des premiers courtiers en matières premières et produits dérivés dans le monde, était dans une position très difficile en raison des pertes plus lourdes que prévu annoncées la semaine dernière. Déjà malmené sur le marché depuis l’été, le groupe new-yorkais avait reconnu à cette occasion être exposé à hauteur de 6,3 milliards de dollars à la dette publique européenne, dont plus de la moitié à l’Italie et plus d’un milliard à l’Espagne, deux pays dans la ligne de mire des investisseurs.

“La plus importante victime de la crise de la dette”

Les agences de notation ont par la suite menacé de faire tomber sa dette dans la catégorie “spéculative”, ce qui aurait signé la fin de ses activités. Face aux spéculations sur l’établissement, l’action du groupe a été suspendue plus tôt dans la journée à Wall Street et la branche new-yorkaise de la banque centrale des Etats-Unis a annoncé qu’elle interrompait ses transactions avec l’établissement. D’après le Wall Street Journal, des négociations avec Interactive Brokers Group, qui avait envisagé durant le week-end de racheter des actifs du courtier pour environ un milliard de dollars, n’ont finalement pas abouti.

Le dépôt de bilan du groupe pourrait envoyer une onde de choc sur les marchés mais ses conséquences ne devraient pas être aussi importantes que l’impact de la faillite de Lehman Brothers en 2008. Il s’agit toutefois de “la plus importante victime américaine jusqu’à présent de la crise de la dette européenne”, a souligné l’analyste Chris Low de FTN Financial avant l’annonce. “Mais heureusement la situation de l’entreprise est unique. Le pari de Corzine sur la dette souveraine est la raison de la situation de la banque. Selon les autorités, les autres grandes entités américaines ne sont pas exposés”, a-t-il noté.

Le dépôt de bilan représente un échec pour le PDG de l’établissement Jon Corzine. Ancien coprésident de Goldman Sachs et gouverneur démocrate de l’Etat du New Jersey (Est) de 2006 à 2010, il a pris en mars 2010 les rênes de la société, ancienne filiale du britannique Man Group. Sous son égide, elle s’est diversifiée, se rapprochant d’une véritable banque d’investissement, et a massivement parié sur la dette européenne.

Trends.be, avec Lexpension.com

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